ARAMINTE, un peu boudant. − Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies… DUBOIS.
Dubois prétend que Dorante est incapable d'assumer sa charge et qu'il devrait donc être renvoyé. Cette fausse confidence oblige Araminte à un peu plus s'engager en atermoyant. Araminte veut alors tirer au clair la nature des relations qui uniraient Dorante à Marton.
Ce qui est faux, c'est l'attitude de Dubois qui fait mine de transmettre un secret, alors qu'il s'est mis d'accord avec Dorante pour manipuler Araminte. Dubois simule, fait le comédien devant la jeune femme pour faire croire qu'il est de son côté. En quelque sorte, ce personnage introduit du théâtre dans le théâtre.
Une fausse confidence : Le valet Dubois fait semblant de se confier à Araminte au sujet de son ancien maître. Il met en scène la passion de Dorante pour susciter l'intérêt d'Araminte. Il raconte au passé simple en imitant le style romanesque. Il use de l'hyperbole pour insister sur l'intensité du sentiment amoureux.
Dubois est l'ancien intendant de Dorante. Il offre ses services à Araminte avec qui il a maintenu une bonne relation: « …c'est un garçon de confiance, qui me sert bien, et que je veux garder. », Réplique d'Araminte, Acte II, Scène 2.
Dubois, ancien valet de Dorante passé au service d'Araminte, met au point un stratagème : il pousse Dorante à se faire engager comme intendant d'Araminte pour séduire la jeune femme.
L'objectif est de piquer la curiosité d'Araminte et de la pousser à lui arracher des confidences en partie fausses, mais auxquelles elle croira, puisque c'est par un interrogatoire en règle qu'elle les aura obtenues. Dans la suite du passage, Dubois joue l'étonnement : « par quel tour d'adresse…
II – Dubois dépeint un Dorante fou d'amour
Le trouble d'Araminte croît et verse même vers la peur : « tu m'alarmes ». Elle lui demande la « vérité » qui est justement masquée chez Marivaux. Dubois révèle alors le mal de Dorante : « C'est à la tête que le mal le tient. » La scène devient alors franchement comique.
Pour les trois « fausses confidences » suivantes, Dorante et Dubois ont recours à des artifices empruntés à la tradition théâtrale et romanesque : un portrait d'Araminte appartenant à Dorante, un autre tableau d'elle qu'il aurait contemplé avec trop d'admiration, et une fausse lettre dans laquelle il parle de son amour ...
Madame Argante (la mère d'Araminte) veut renvoyer Dorante, car elle le soupçonne fortement d'aimer Araminte, ce qui n'est pas correct car Dorante n'est qu'un intendant, bien en dessous du rang social de Araminte ("ne fût-ce que par bienséance, il faudra bien qu'elle le chasse", scène 4).
Avec la complicité active de Dubois, son ancien domestique passé au service d'Araminte, il veut s'en faire aimer pour l'épouser. Mais Araminte est aussi courtisée par le comte Dorimont qui veut la prendre pour femme afin d'éviter avec elle un coûteux procès et qui entend lui présenter un autre intendant.
Dorante est pauvre, mais bien fait ; il aime Araminte, une jeune veuve fortunée, elle-même courtisée par le Comte et poussée au mariage par sa mère, qui rêve pour sa fille du doux titre de Comtesse Dorimont. La suivante d'Araminte, Marton, a elle aussi intérêt à ce mariage, car elle en sera récompensée par le Comte.
D'ailleurs, Marivaux accentue fortement les dissymétries entre les deux personnages : ils n'ont ni le même objectif, ni le même statut social, ni le même âge (Araminte a environ 35-37 ans alors que Dorante n'a que 29 ans) pour accroître ce sentiment de liberté qui doit se gagner au détriment d'un avenir assuré ...
Ce dernier s'est arrangé pour faire recevoir Dorante comme intendant chez Araminte. Il l'a pour cela fait introduire par son oncle, Monsieur Rémy, qui s'est mis en tête de le marier avec Marton, suivante d'Araminte.
Pièce trouble pour aliénations amoureuses, Les fausses confidences nous plonge dans un univers de victimes consentantes et d'amours vénéneuses, voire vénales : proies des sentiments et prédateurs opportunistes sont ici bien difficiles à distinguer, car Marivaux semble jusqu'au bout cultiver l'ambiguïté.
Araminte est une femme de vertu et malgré sa richesse, elle n'est pas cupide contrairement à la majorité de son entourage (y compris sa mère). Ainsi donc, lorsqu'elle rencontre Dorante pour la première fois, elle est éprise de son caractère et apprécie sa personnalité.
Dorante : Neveu de Monsieur Rémy. Il a perdu sa fortune, il est donc ruiné.
Pour conquérir celle qui fera son bonheur et le rétablira dans son rang, Dorante est aidé par son ancien valet, qui use de stratagèmes pour permettre à Dorante de parvenir à ses fins. Dubois est le valet confident d'Araminte.
Dorante : Le personnage de Dorante est aussi d'une grande richesse et d'une grande complexité. Dorante est un bourgeois comme Araminte, “ honorable” comme elle, mais il est pauvre et c'est comme intendant – donc serviteur – qu'il entre dans sa maison.
Les "fausses confidences" finiront par avoir raison du cœur de la belle et cède ainsi à Dorante. Ce dernier décide de se confesser en lui révélant le stratagème qui l'a mis en place pour la conquérir.
Les personnages des Fausses confidences de Marivaux. - Les personnages principaux : Dubois est l'ancien valet de Dorante. C'est un manipulateur astucieux et plein d'assurance, qui est prêt à tout pour arriver à ses fins, il se montre dynamique, fin psychologue, et sans scrupule.
Quelque chose que tu peux mentionner à l'oral : La place du langage dans la pièce est prépondérante. La confidence, qui suppose un secret que l'on dit à autrui, est aussi histoire de confiance. Le langage, dans la pièce de Marivaux, est au cœur de la manipulation mise en scène et de l'objectif de séduction.
1. Ruse de guerre ayant pour objet de tromper l'ennemi. 2. Combinaison habile mise en œuvre pour obtenir un avantage : User de stratagèmes pour se faire élire.
Le stratagème est un motif récurrent, il est l'un des rouages essentiels de la mécanique de la comédie et assure incontestable- ment à l'intrigue une progression dramatique. Les comédies de Molière exploitent à loisir ce dispositif : les personnages rusés et audacieux y foisonnent et rivalisent d'ingé- niosité.
Marton ouvre la scène en annonçant à Araminte que Dorante a déjà organisé son départ en recommandant un successeur : « Voilà une lettre de recommandation pour lui, et c'est M. Dorante qui l'a écrite. »