→ Pourquoi le titre est au singulier alors qu'ensuite le terme est au pluriel dans les strophes 1 et 2 ? Il s'agit de représenter l'albatros en tant que symbole, figure allégorique du poète. → Observe la structure grammaticale (longueur des phrases et types de phrase) des strophes 1, 2 et 3.
Il est comparé à un "infirme". En effet, privé de sa poésie il n'est plus lui même. C'est un être inadapté à la vie en société et cette image renvoie à celle du poète maudit que l'on retrouve depuis l'Antiquité. Dans les trois premières strophes, ce sont les hommes qui gouvernent d'ailleurs.
Le poème. Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
Comme l'Albatros, le poète est associé à l'idée de grandeur et de détachement du monde matériel. Il évolue dans les airs, loin des planches et du sol. Cette faculté de voler traduit chez Baudelaire la supériorité morale et spirituelle de l'oiseau et donc du poète.
Le prince des nuées désigne ici l'albatros. Un archer est une personne qui tire à l'arc. Les huées sont des cris hostiles, poussés par un groupe.
Pour Baudelaire, l'âme de l'homme est un « gouffre » en raison des plaisirs égocentriques qu'elle suscite, comme le suggère le verbe pronominal« se plaire » et l'allitération en « t » : « Tu te plais à plonger au sein de ton image » (v. 5).
Baudelaire devance ainsi l'esprit de la poésie symboliste : Si l' Albatros est le symbole du poète, l' Equipage représente la société qui ne comprend pas le poète et se moque de lui; Le Navire est le symbole de la matérialité et le Ciel celui de la spiritualité. Quant au gouffre, il symbolise la mort .
Les poèmes contenant « des passages ou expressions obscènes et immorales » étaient : Les Bijoux, Le Léthé, A celle qui est trop gaie, Femmes damnées, Lesbos et Les Métamorphoses du vampire . Ces six poèmes devaient être retranchés du recueil.
On y oppose les albatros, "vastes oiseaux des mers" qui sont des "rois de l'Azur" et donc, bien qu'appartenant au monde de la mer, s'élève au dessus de lui, contrairement aux hommes d'équipage.
Une façon d'affirmer le pouvoir du poète : métamorphoser la boue (élément infâme) en or (élément précieux). C'est le pouvoir d'un alchimiste. Dans la deuxième phrase (Projet d'épilogue), le « tu » désigne la ville, et plus précisément Paris.
La femme aimée est finalement pour Baudelaire inaccessible, à l'image de la Passante (« A une Passante »). Dans Les Fleurs du Mal, la femme est donc sensuelle, douce ou spirituelle. Mais elle se transforme aussi en femme fatale qui mène le poète au spleen.
Baudelaire, le poète de la boue
Dans le projet d'épilogue, deux vers avant le vers « Tu m'as donné ta boue et j'en fait de l'or », Baudelaire se compare à « un parfait chimiste » lequel effectue donc cette opération de transformation de la boue en or.
On considère Baudelaire comme un héritier du romantisme et un précurseur du symbolisme. De Musset, il hérite du « mal du siècle », de « l'ennui », du « vague des passions », ainsi que d'une attirance pour la maladie et les affres de la création poétique.
Alchimie poétique ou la force magique de la poésie
Non sans référence à l'antithèse du titre du recueil baudelairien, Les Fleurs du Mal, la poésie aurait la capacité de permettre la transmutation de la boue en or, tout au moins de placer des éléments dichotomiques dans une dialectique dynamique et évolutive.
Selon Baudelaire, la beauté poétique a pour vocation d'étonner, voire de choquer. Comme il l'écrit dans une page de son journal, « Le Beau est toujours bizarre ». La beauté peut même naître de la description d'un objet qui, d'ordinaire, suscite le dégoût. À ce titre, le poème « Une charogne » est significatif.
« Les Fleurs du mal » est un mélange détonant : cadeau empoisonné. Les fleurs viennent du mal. Cela signifie qu'il va parler du mal alors que le mot fleur signifie qu'à partir du mal, il va rechercher, cultiver quelque chose de bon. Baudelaire fait le constat que l'homme est enfoncé dans le mal.
La beauté n'est-elle finalement qu'une simple illusion comme le pense Nietzche. Il le conçoit étrangement dans sa poésie en lui attribuant d'autres valeurs morales et esthétiques. Le beau est extrait du mal, du laid. Il est ainsi mystérieux et énigmatique.
Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, reprenant la quasi-totalité de sa production en vers de 1840 jusqu'à sa mort, survenue fin août 1867. Publié le 21 juin 1857 , le recueil scandalise aussitôt la société française. Son auteur subit un procès retentissant.
Une destinée humaine universelle
Sa souffrance est à l'image de celle de tous les hommes. En tant que poète, sa mission est de l'exprimer au nom de tous, ce qui rappelle la définition donnée par Friedrich Schlegel dès la fin du XVIIIe siècle : « La poésie romantique est une poésie universelle progressive. »
L'Albatros est probablement le plus gros oiseau marin. Il est fort impressionnant de par l'empan de ses ailes, lorsqu'il les déploie, soit de plusieurs mètres. Son vol au-delà des océans est majestueux, pouvant durer plusieurs jours, voire même des mois, et aux dires de certains, des années.
A – Un sentiment d'oppression (1er quatrain)
4 et v. 9) rappelle que le monde est soumis à un temps pesant et destructeur. Cette pesanteur est amplifiée par le champ lexical du poids « bas », « lourd », « pèse », « couvercle » qui traduit le sentiment d'enfermement du poète. Tout oppresse le poète.
État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence. Synon. fam. bourdon2, cafard1; dépression, ennui, hypocondrie, langueur, neurasthénie.
L'homme et la mer.
Littéraire. Transformation de la réalité banale en une fiction poétique, miraculeuse : L'alchimie du verbe, de la douleur.