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Gargantua naît après onze mois de gestation de l'oreille de sa mère. Le géant s'inscrit ainsi dans toute une lignée de naissances merveilleuses (chapitre 6), ce qui le définit déjà comme un être extraordinaire. Gargantua réclame « à boire » immédiatement après sa venue au monde.
Puis l'enfance de Gargantua est évoquée. De trois à cinq ans, ses parents ne lui imposent pas de limites : il boit, mange, dort, court après les papillons et se roule dans les ordures selon son bon plaisir. Il a le même état d'esprit que les autres enfants.
Gargantua : Fils des géants Gargamelle et Grandgousier. Peu après sa naissance extraordinaire (11 mois de gestation pour finir par sortir de l'oreille de sa mère) il fait preuve d'une grande précocité et veut découvrir le monde qui l'entoure.
Par exemple, quand Gargantua noie la ville de Paris dans son urine, il le fait « par ris » c'est-à-dire : pour rire ! C'est donc un véritable baptême par le rire. Or d'un point de vue religieux, le baptême permet le salut de l'âme. Symboliquement donc, le rire nous donne accès à ce qu'il y a de plus élevé.
Quelle est la morale de Gargantua ? On l'a dit, Rabelais utilise le rire pour faire passer des messages à ceux qui lisent le roman. Celui que l'on peut retenir avant tout est bien de chercher à comprendre le monde qui nous entoure, respecter certains principes afin que celui-ci ne verse pas dans le chaos.
Par les exploits guerriers de Frère Jean des Entommeures (répondant au thème du gigantisme par l'extraordinaire force de ses coups et la démesure de sa puissance digne des héros de l'Iliade), Rabelais dénonce le non respect des hommes et du sang versé, même lorsqu'ils renoncent, expient, se retirent.
Homme de la Renaissance, il a allié, sa vie durant, foi en Dieu, discours anticléricaux, pensée humaniste et sens de la farce. Ses deux principaux héros littéraires, des géants, père et fils, sont issus de la littérature du Moyen Age.
Écrire pour faire rire. Dans l'avis au lecteur de Gargantua, il est possible de lire : « Mieux est de ris que de larmes écrire – Pour ce que rire est de propre de l'homme ». C'est qu'avant d'être un outil de la satire, le rire est une propension naturelle, que la littérature est censée exalter.
Rabelais s'adresse aux lecteurs malades en tant que médecin (avis aux lecteurs et prologue). Il prétend les guérir par le rire. Le rire a des vertus médicales : il empêche l'homme de sombrer dans la morosité et l'affliction (le chagrin). Cela montre l'optimisme de l'humanisme (première moitié du XVI° siècle).
Gargantua grandit vite. Il grossit aussi très vite. Au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner, il boit le lait de 17 913 vaches ! Quand il a trois ans, Gargantua passe son temps à boire, manger et dormir, à manger, dormir et boire, à dormir, boire et manger.
Mais il montre aussi, à la fois des relations aux adultes dépourvues de respect mais aussi de tabous (l'enfant est tout heureux d'avoir joué un bon tour aux invités de son père), une grande agilité de langage, et une obsession de la scatologie.
Gargantua a environ 490 ans.
Il est le personnage éponyme principal. Il est le fils de Grandgousier dont il reçoit les mêmes attributs onomastiques puisque son nom lui est imposé relativement à ses premiers mots : « A boire ». « Gargantua » signifie « que grand tu as (gosier) ».
Comment Gargantua fut instruit par un sophiste en lettres latines. Grandgousier admirant les dispositions intellectuelles de son fils, lui donne alors un précepteur, Maître Thubal Holoferne, qui s'avère catastrophique.
Mais doit-on pour autant penser que Gargantua n'est qu'un divertissement ? Le rire comme moyen de véhiculer des valeurs humanistes : - Face au désespoir, à la guerre, à la maladie, le rire permet de ne pas s'attarder sur son sort et d'imiter la philosophie joyeuse et dynamique de Gargantua.
Instruit dans une pédagogie qui suit une méthode scolastique, Rabelais rejette dans ses écrits l'enseignement de l'institution religieuse, où il va illustrer une pédagogie qui suit les modèles de l'humanisme : une éducation qui donne une place très importante à la nature, au Dieu et au savoir.
Rire rabelaisien. Rire épanoui, moqueur.
Il fait des jeux de mots (il s'enrime), il fait des poèmes (voir le distique), il raisonne même en faisant de la logique : Il n'est, dit Gargantua, pas besoin de se torcher le cul s'il n'y a pas de saleté. Or la saleté n'y peut être si on n'a pas chié.
Dans Gargantua, Rabelais reprend les grands thèmes de son temps qui ont nourri la réflexion de tous les penseurs de la Renaissance, qu'ils soient érudits humanistes, hommes de lettres ou poètes. Mais il rend compte aussi de ce que l'humanisme est en soi utopie.
jument fait déborder la rivière en urinant et les ennemis en aval sont noyés. compagnons il passe le gué. cure-dent, les retire de sa bouche les uns après les autres.
Ce géant a l'appétit des ogres, mais il est bienveillant, et en tout cas aucune légende ne rapporte qu'il ait jamais fait de mal à personne. Bien sûr, il lui arrive parfois d'assécher un lac d'une gorgée pour apaiser sa soif, mais c'est sans malice.
Mais la vie des mortels, comme les Fanfreluches, n'est pas si insignifiante qu'on pourrait le croire. C'est pourquoi Rabelais a placé l'énigme au début du Gargantua : pour confronter les mortels, et plus précisément les lecteurs, à leur façon d'être inauthentiques.
1534 : Publication de Gargantua (sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier). 1546 (mars) : Il se réfugie à Metz (ville d'Empire), pour échapper à la condamnation formulée par la Sorbonne. 1550 : Calvin traire Rabelais d'« impie » et d'« athée ». 1542 : Les éditions définitives de Pantagruel et Gargantua paraissent à Lyon.
S'il advenait que l'air fût pluvieux et intempéré, tout le temps d'avant dîner était employé comme de coutume, excepté qu'il faisait allumer un beau et clair feu, pour corriger l'intempérie de l'air.