La guerre en Ukraine est le premier évènement de l'année à avoir secoué le marché du blé. La Russie et l'Ukraine représentent, à eux deux, « plus d'un tiers des flux mondiaux » de cette céréale sur une année lissée, et « jusqu'à 60 % sur la période de juillet à octobre », évalue Nathan Cordier.
Pourquoi les prix s'affolent-ils ? C'est une conjonction de plusieurs facteurs : l'énergie et le carburant coûtent plus cher, donc la production de nombreux produits alimentaires transformés aussi.
La Russie était le plus gros exportateur de blé au monde en 2021/2022. Elle en exportait 33 millions de tonnes. L'Union Européenne, avec 30 millions de tonnes, était le second exportateur mondial, juste devant l'Australie. En quatrième position se trouvaient les États-Unis.
Le prix du blé a grimpé fin 2020 en raison « des craintes climatiques en Mer noire et d'achats massifs de la Chine ». Nouvelle hausse mi-2021, avec la dégradation des perspectives de production des huit exportateurs majeurs (liée surtout à la sécheresse au Canada) et de craintes inflationnistes.
Le ministère de l'agriculture a annoncé jeudi que les prix de certaines céréales applicables à la prochaine récolte étaient fixés. Sont de ce fait connus les " prix indicatifs ", " prix indicatifs dérivés " et " prix d'intervention " du blé, de l'orge et du seigle.
La France ne manquera jamais de rien parce que nous avons des productions qui sont très abondantes en tout et que nous restons le premier pays producteur de blé, en Europe, la moitié de notre production étant exportée.
Cette hausse s'explique en premier lieu par la guerre en Ukraine. L'Ukraine et la Russie étaient de gros exportateurs de céréales. La guerre a fait flamber aussi le prix des engrais, de l'énergie, du carburant pour les tracteurs.
Russie et Ukraine: 29% des exportations mondiales de blé
Avec l'Ukraine, c'est 29%. Cette proportion a augmenté ces dernières années avec le "réarmement agricole" russe qui a suivi les sanctions européennes en 2014, après l'invasion de la Crimée.
La météo a un impact considérable sur les prix des céréales. Avec les surfaces semées, c'est le principal facteur annuel déterminant les volumes produits, et donc l'offre disponible, ainsi que la qualité des céréales.
Risque de pénurie alimentaire
Les pays de la mer Noire (Russie, Ukraine, Kazakhstan) exportent 40 % du blé mondial. Près d'une cinquantaine de pays dépendent de la Russie et de l'Ukraine pour plus de 30 % de leur blé importé. La guerre en Ukraine fait peser un risque alimentaire en Afrique et au Moyen-Orient.
Il y a d'abord celui des aléas climatiques tels que les inondations, les sécheresses ou le gel, qui, depuis plusieurs années, touchent les récoltes, entraînant une baisse importante de la production céréalière.
Aujourd'hui, toutefois, l'Hexagone est loin d'être autonome. Grandement exportateur, mais aussi fortement importateur, le pays ne fournit aujourd'hui que 60% des aliments nécessaires pour satisfaire la consommation de ses habitants, explique une étude du think tank Utopies.
Ukraine et Russie
Au 3 avril 2022, 404 162 tonnes sont entrées dans l'UE depuis la Fédération, ce qui correspond à 20,9 % des importations de blé européennes.
Des causes multiples
Ces facteurs comprennent : Des produits pétroliers en hausse, hausse qui se répercute dans toute l'économie agricole – sur les transports, l'engrais et les coûts de transformation.
"Cela s'explique par la hausse du prix du blé, ainsi que par celui de l'emballage. Le prix de la pâte à papier qui sert à faire le carton a fortement augmenté", précise l'expert. Ensuite, vient la moutarde, +8% de hausse, en raison des tensions autour de l'huile de tournesol.
Les prix du blé sont déterminés par l'interaction de l'offre et de la demande. L'offre et la demande de blé sont historiquement influencées par les politiques agricoles des gouvernements. Il existe plusieurs autres variables qui affectent les cours du blé et des autres céréales.
Les prix 2022/2023 devraient dépasser en moyenne ceux de 2021/2022, car le marché est davantage sous tension », soulève Hélène Duflot.
La production de blé tendre est répartie de la manière suivante en France : 54% sont exportés, 37% sont destinés au marché français et les 9% restants servent directement à la ferme pour nourrir les animaux d'élevage notamment.
La Chine représente 17,9 % des exportations de blé provenant du Canada, 13,2 % de celui exporté depuis les États-Unis et 12,2 % des exportations françaises. La Chine reste ainsi plutôt épargnée par l'actuel conflit en Europe.
Sur les 37 millions de tonnes de blé tendre produites en moyenne chaque année, un peu moins de la moitié est exportée. Plus de la moitié de ces exportations va vers les pays hors Union européenne, en particulier vers l'Afrique du Nord et l'Afrique Centrale.
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