Fama, dernier descendant d'une grande dynastie, est noyé dans l'anonymat des Malinkés, et donc rabaissé, dévalorisé.
Spolié de son titre de prince sous la colonisation, Fama est contraint à mener une vie de déclassé aigri. Il est réduit à mendier pour gagner sa vie. C'est donc l'échec socioculturel, politique et économique de Fama, et partant celui des pays africains au lendemain des indépendances politiques que présente ce roman.
Tout commence avec la mort de Koné Ibrahima dont l'ombre s'échappe aussi- tôt de la capitale pour retourner au « lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques » (p. 9). À la fin, c'est Fama qui meurt, victime d'un caïman sacré. « Fama avait fini, était fini. » (p.
Dans Les Soleils des Indépendances, le parcours de Fama permet de comprendre la présence des forces supra-terrestres qui fixent inéluctablement le cours des événements. Le prince déchu n'arrive pas à restaurer les mœurs anciennes.
Pour Fama, c'est la vie en ville qui s'éteint sous la pluie, entre misère et stérilité. Au contraire, le retour à Togobala pour les funérailles du cousin coïncide, pour le héros, avec la possibilité de prendre comme deuxième épouse la jeune veuve Mariam : une femme qui a déjà eu « un ou deux enfants » (SI, p.
Dans l'œuvre d'Ahmadou Kourouma, la stérilité est le mal dont souffre Salimata épouse de Fama. Cette stérilité proviendrait de l'excision et du viol dont elle a été victime.
introduction: Véritable chef-d'œuvre littéraire, Les Soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma a été écrit en 1968 en réaction aux régimes politiques africains issus de la décolonisation.
Fama, Prince malinké, dernier descendant et Chef traditionnel des Doumbouya du Horodougou n'a pas, même du fait de son statut, été épargné. Habitué à l'opulence, les indépendances ne lui ont légué pour seul héritage qu'indigence et malheurs, qu'une carte nationale d'identité et celle du parti unique.
Dans le roman, on constate que la société décide pour la femme même sur son destin. À titre d'exemple, les parents de Salimata font une présentation de Mariam, la femme qui est sur le point de devenir la deuxième épouse de Famapour aider Salimata dans son service rendu à son mari (Kourouma, 1970, p. 151).
Si Fama participe à la lutte contre la colonisation française, c'est pour des raisons absolument subjectives : pour se venger surtout de la spoliation de sa chefferie. Sinon le héros de Kourouma se sentait parfaitement à l'aise à l'époque coloniale.
Salimata est désignée comme victime sacrificielle mais aussi victime innocente, personnage type de l'opération de séduction du lecteur dépositaire des vraies valeurs cautionnées par le roman[10].
Dans les romans de Kourouma, le lecteur remarque également le souci de l'auteur de transmettre les valeurs culturelles malinké à travers un style de narration qui s'apparente à celui d'un conteur traditionnel et se caractérise par la mise en abîme des paroles de la vie africaine, l'emploi des proverbes et des ...
"Les Soleils des Indépendances", premier roman d'Ahmadou Kourouma, relate l'histoire d'un prince déchu au moment de l'indépendance. A travers une sélection d'extraits et d'archives sonores, explorons les traditions malinké, entre griot, marabout et génie mais écoutons aussi le drame de l'excision.
Birahima a une douzaine d'années et vit à Togobala, en Côte d'Ivoire. C'est un enfant des rues comme il le dit lui-même, « un enfant de la rue sans peur ni reproche ». Après la mort de sa mère, infirme, on lui conseille d'aller retrouver sa tante au Liberia.
Les personnages principaux : Fama Doumbouya, Salimata.
Tout est dit ou suggéré : le néo-colonialisme, le régime présidentiel perverti, le parti unique, la censure, la disparité des fortunes, le mépris de l'individu, l'inégale répartition des conquêtes de l'indépendance, le chômage, la paupérisation, le verbalisme ».
Les personnages secondaires viennent aider le personnage principal ou lui nuire dans la réalisation de sa quête. Ils sont dotés de caractéristiques qui les rendent crédibles, mais généralement, celles-ci sont décrites plus globalement. Les personnages figurants apparaissent rapidement dans l'histoire.
C'est un roman de 195 pages et 3 parties. Chaque partie contient des chapitres titrés. L'œuvre est publiée par les éditions Points. Le texte intégral émane des Editions du Seuil en janvier 1970.
L'effet routinier du rite est ainsi doublement signifiant : le récit peut se répéter à l'infini, comme le rite funéraire d'« un Malinké ». La logique mythique, qui voudrait que Fama ait « ses » funérailles, comme ceux de son rang, n'est pas respectée, pour lui, dans ce roman. Sa mort est banalisée, donc, désacralisée.
et en 1970, le prix Maillé-Latour-Landry de l'Académie française. 1990 : Monnè, outrages et défis (Seuil), Grand prix littéraire d'Afrique noire. 1998 : En attendant le vote des bêtes sauvages (Seuil 1999) (Prix du Livre Inter).
En malinké, Ahmadou signifie « guerrier ». Le nom de Kourouma appartient à la noblesse des guerriers-chasseurs malinké. Le toponyme Horodougou est formé par « horo » et « dougou » qui en langue mandingue désignent respectivement la « kola » et le « pays », la « terre ».
Ahmadou Kourouma est né en 1927 en Côte d'Ivoire et mort en 2003 à Lyon. Étudiant, ses activités politiques lui valent d'être enrôlé de force dans le corps expéditionnaire français en Indochine. Après les indépendances, son opposition au régime de parti unique de Houphouët Boigny l'éloigne à nouveau de son pays.
Décerné annuellement par l'Association des écrivains de langue française, le Grand Prix Littéraire d'Afrique noire a été remis cette année à Armand Gauz, a appris ActuaLitté.