Les Lais, rédigés au XIIème siècle par Marie de France, sont la traduction d'anciens contes bretons. J'y retrouve tout ce qui me passionne: l'époque médiévale, le merveilleux au sens littéraire du terme, la tradition courtoise, et bien sûr ma chère Bretagne, terre si propice aux récits merveilleux.
Dans ce prologue, elle dit que son inspiration était à l'exemple des anciens et de la littérature latine pour créer quelque chose de divertissant et d'instructif pour son lecteur. Elle veut aussi préserver et pérenniser les contes qu'elle a entendus.
Le symbole du chèvrefeuille : la plante qui s'enroule autour de la branche permet se signifier l'inséparabilité des deux amants. Il permet de suggérer l'amour des amants sans l'exprimer par le langage habituel. Marie de France préfère le sémantisme floral, le langage secret.
Taire la vérité, la cacher aux yeux des autres, c'est les tromper. Sur ce point, la tromperie est générale dans les Lais, même si elle est présentée comme positive. Le Bisclavret cache longtemps les raisons de sa disparition.
Dans le « Lai du Chèvrefeuille », le plus court de son recueil, elle raconte un épisode de l'histoire de Tristan et Yseult, qui s'aiment d'un amour interdit. Miniature du Codex Manesse, vers 1300. Comme il fut fait, d'où il est né.
Equitan (Equitan), J'ai déjà plus apprécié Equitan : le côté un peu moral n'est pas à prendre au sérieux avec une fin franchement burlesque. Si l'infidélité ne pose pas de problème dans Guigemar, dans Equitan, la méchanceté ajoutée fait qu'il y a une punition qui plane au-dessus des coupables.
Le rossignol étant mort, le plaisir, la joie et le désir ne sont plus possibles. Le rossignol devient l'image métaphorique du plaisir et de la joie d'amour.
L'amour courtois n'est ni libertinage, ni passion brutale, il est presque une ascèse pour le chevalier, qui doit, pour mériter la femme qu'il aime, se soumettre entièrement à elle. La dame est suzeraine, le chevalier est son vassal.
12 La femme du bisclavret ne trahit son mari que parce qu'elle a peur et n'a plus alors qu'une idée : (...)
Marie de France s'inspire de chants traditionnels et des légendes celtiques pour écrire ses lais, des récits poétiques. Dans le « Lai du Chèvrefeuille », le plus court de son recueil, elle raconte un épisode de l'histoire de Tristan et Yseult, qui s'aiment d'un amour interdit.
Le lai narratif est un cours récit le plus souvent écrit en vers de huit syllabes et à rimes plates. Le sujet de ce type de lai est le plus souvent emprunté au cycle de la Table ronde. Par exemple les lais de Marie de France ou le "Bisclavret".
Conteuse de talent, Marie de France ajoute une tonalité courtoise et poétique à la magie de la matière de Bretagne. Elle y puise des idéaux qu'elle réactualise : elle valorise la femme, dont les récits celtes décrivent abondamment les pouvoirs magiques, et sacralise l'amour.
Sans motivation ni explicitation – donc par moyen d'un silence narratif – on reconnaît le personnage merveilleux « type ». Une analyse narratologique montre qu'un personnage peut être merveilleux sans être « type » et qu les cinq lais étudiés sont construits selon une focalisation sur le personnage humain.
Marie de France, aussi connue sous le nom de Marie de Champagne, née en 1145, morte en 1198, est la première fille de Louis VII le jeune roi de France et d'Aliénor d'Aquitaine, ce qui présente la particularité de faire d'elle la demi-sœur à la fois de Richard Cœur de Lion et de Philippe Auguste.
Bisclavret, un riche seigneur proche du roi, est soupçonné d'infidélité par sa femme qui le voit s'absenter trois fois par semaine. Elle le questionne et Bisclavret finit par lui avouer que ses absences sont dues au fait qu'il se métamorphose en loup et cache ses vêtements qui lui permettent de retrouver forme humaine.
Il était un baron, bon seigneur, ami du roi, heureux en mariage. Douce et avenante, la dame craint cependant qu'il ne lui soit infidèle, car il s'absente trois jours par semaine. Elle l'interroge et celui-ci finit par céder, révélant qu'il enlève ses vêtements, les dissimule et devient loup.
Bugul-Nôz et Loup-Garou. In: Annales de Bretagne.
Le chevalier la remercie vivement, et ils se fiancent et elle prête serment. Puis elle lui raconte comment son mari s'en va et ce qu'il devient. Elle lui indique avec précision le chemin qu'il emprunte et pour l'envoyer chercher ses vêtements. C'est ainsi que Bisclavret fut trahi et par sa femme, condamné au malheur.
Ce roman illustre le paradoxe de la fin'amor : en effet, le chevalier s'y dépasse par amour mais il se soumet aussi jusqu'à l'humiliation, ce qui est contraire à ses valeurs de chevalier.
Mais cet amour idéalisé est ambigu car frustré. Il mêle désir et désespoir, plaisir et souffrance. En effet la plupart du temps il s'applique à un amour impossible, vécu de façon secrète. La relation courtoise est donc par essence adultère, même si la consommation n'en est pas une condition.
La forêt est omniprésente dans le récit de leur histoire d'amour. Là, dans le lais, on ne sait pas ce qu'il se passe vraiment et c'est là où c'est très intelligent ! Ce suspens permet d'imaginer que les amants, cachés de tous, se livrent à l'amour à travers l'image très symbolique de chèvrefeuille.
Les lais narratifs sont des poèmes abrégés, en octosyllabes suivis, à rimes plates, prenant pour sujet une aventure merveilleuse, qui se rattache en général aux légendes arthuriennes ou au cycle de la Table Ronde.
Le registre merveilleux est caractéristique du genre du conte de fées, mis par écrit à la fin du XVIIe siècle. Il propose des aventures dans lesquelles les personnages affrontent ou utilisent régulièrement la magie.