Le pays fait donc face à une pénurie de moutarde. Une première depuis au moins 50 ans. En cause : une grande sécheresse qui a touché le Canada, second producteur mondial de graines de moutarde. D'ordinaire, ce pays nous fournit 80% de nos graines de moutarde comme le rappelle Radio-Canada.
Concernant la moutarde, Luc Vandermaesen explique ces disparités entre les pays par la différence des quantités vendues à l'export : «Ce sont souvent des flacons de 200 g qui sont vendus à l'étranger sous les marques de distributeurs, alors qu'en France ces pots font souvent entre 370 g et 470 g.
Notamment parce qu'elle est cultivée dans plus de pays : Canada, mais aussi Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Russie, Ukraine… Il y a plus de sources d'approvisionnement. Ça explique pourquoi on trouve plus facilement de moutarde dans les autres pays ».
Le Canada fournit 80% environ de la graine, les 20% restants étant presque entièrement produits en Bourgogne.
Ils en tiennent pour preuve les linéaires remplis de pots de moutarde observés chez nos voisins : Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Irlande, Roumanie, Norvège...
Plusieurs facteurs, liés au contexte international, en sont la cause. En premier lieu, la sécheresse qu'a connue le Canada en 2021. Si Dijon est réputée pour sa moutarde, la France importe la majeure partie des graines de moutarde – indispensables à la réalisation du condiment – depuis le Canada.
Ralentissement de la production canadienne
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pays de la moutarde de Dijon n'est pas un grand producteur de graines de moutarde. La France est donc obligée de s'approvisionner à l'étranger. Environ 80% des 35.000 tonnes de graines nécessaires sont importées du Canada.
Difficile de ne pas penser à ce condiment ultra-piquant quand on vous parle de la capitale de la Bourgogne. Incontournable de la table, la moutarde de Dijon a acquis ses lettres de noblesse au Moyen Âge, mais elle ravissait les palais dès l'Antiquité.
Les Chinois la cultivaient déjà il y a 3000 ans et furent les premiers à en broyer les graines et à les mélanger à un suc acide extrait du raisin, le verjus, afin d'obtenir de la moutarde.
Bien que réputée pour sa célèbre moutarde de Dijon, la France n'est pas le plus gros producteur de graines de moutarde brunes, ingrédient incontournable à la confection du condiment.
Cette pénurie a plusieurs causes. Tout d'abord, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pays de la moutarde de Dijon ne produit qu'une infime partie des graines de moutardes qu'il utilise et transforme.
En cause : une grande sécheresse qui a touché le Canada, second producteur mondial de graines de moutarde. D'ordinaire, ce pays nous fournit 80% de nos graines de moutarde comme le rappelle Radio-Canada.
La « moutarde de Dijon » est devenue une recette plus qu'un produit lié à une production et à un terroir. 90% de la production consommée en France reste toutefois produite autour de Dijon en Bourgogne, ainsi que 50% de la consommation Européenne.
Il existe ensuite plusieurs hypothèses pour expliquer cette disparité. En Suisse, ce sont d'autres types de graines de moutardes qui seraient le plus utilisées. Ensuite il y a, toute échelle gardée, plus de producteurs côté suisse que côté français.
Juste derrière le Canada, la Russie et l'Ukraine sont les troisième et quatrième pays exportateurs. Mais le récent conflit a interrompu les exportations de graines de moutarde depuis l'Ukraine. Le pays aurait pu fournir les 32 000 tonnes de graines nécessaires à la production française, selon Le Point.
En effet, la « moutarde de Dijon » ne bénéficie pas d'une appellation d'origine protégée (AOP) ou indication géographique protégée (IGP). Il suffit au fabricant de respecter une composition inscrite un cahier des charges pour que, où qu'elle soit produite dans le monde, une moutarde puisse se prétendre « de Dijon ».
C'est au XVIII siècle, vers 1742, qu'un dijonnais Jean Naijeon remplaça, dans la composition de la moutarde, le vinaigre par du verjus provenant des vignes toutes proches. Cette recette fit la renommée de la Moutarde de Dijon.
Brassica nigra, la moutarde noire ou sénevé, est une plante annuelle, appartenant à la famille des Brassicacées, au même titre que les choux, les radis ou les giroflées. Brassica nigra est d'origine européenne, sa distribution naturelle étant surtout en zone méditerranéenne.
80% des graines de moutarde proviennent du Canada, victime de sécheresse. Puisque la denrée est en rupture de stock dans certains supermarchés, certains pensent que la provenance vient d'Ukraine, pays en guerre en ce printemps 2022. Certaines graines viennent bien d'Europe de l'Est (notamment d'Ukraine, et de Russie).
La moutarde est une plante surtout utilisée comme engrais vert en France. Elle dynamise les sols. Depuis les années 1990, la graine de moutarde pousse à nouveau en Côte-d'Or et, plus récemment, dans d'autres départements de France. C'est le résultat d'une dynamique lancée par la moutarderie Fallot, à Beaune.
La moutarde Fallot est devenue la référence gastronomique des plus grands chefs français dont notamment le Relais Bernard Loiseau. Elle propose une gamme de moutarde traditionnelle (moutarde de Dijon, à l'ancienne) mais également aux saveurs très régionales (cassis, pain d'épices,...).
Après la pénurie de moutarde, d'autres produits pourraient prochainement manquer dans les rayons, explique BFM TV lundi 22 août 2022. Parmi eux, les huiles, les féculents, les farines, les pâtes et le riz.
En cause, les événements météorologiques qui ont frappé le Canada, premier producteur mondial de moutarde et qui fournit 80 % des graines achetées que la France importe. « C'est un dôme de chaleur extrême en juillet 2021 qui a divisé la récolte par deux, poussant ainsi les autorités à limiter leurs exportations.
Pour Luc Vandermaesen, interrogé par 20 Minutes, il « y aura de nouveau de la moutarde en rayon vers le mois de novembre 2022, et de façon plus importante à compter du début 2023, lorsque la récolte canadienne sera livrée en France ».