Quelle est la morale de Gargantua ? On l'a dit, Rabelais utilise le rire pour faire passer des messages à ceux qui lisent le roman. Celui que l'on peut retenir avant tout est bien de chercher à comprendre le monde qui nous entoure, respecter certains principes afin que celui-ci ne verse pas dans le chaos.
Dans Gargantua, Rabelais s'intéresse à la question du savoir par le biais du thème central de l'éducation qu'il développe dans onze chapitres. L'auteur se questionne sur le rapport de l'homme au savoir, mais cherche également à transmettre un savoir par l'intermédiaire de son œuvre.
Par exemple, quand Gargantua noie la ville de Paris dans son urine, il le fait « par ris » c'est-à-dire : pour rire ! C'est donc un véritable baptême par le rire. Or d'un point de vue religieux, le baptême permet le salut de l'âme. Symboliquement donc, le rire nous donne accès à ce qu'il y a de plus élevé.
L'objectif est de former un idéal humain, en s'inspirant de modèles, comme ceux de l'Antiquité ou encore celui du maître de Pantagruel, son précepteur Epistémon, dont le nom à consonnance grecque rappelle tout ce que la Renaissance doit à l'exemple de Platon ou de Cicéron, en d'autres termes la Grèce et la Rome ...
Dans Gargantua, Rabelais reprend les grands thèmes de son temps qui ont nourri la réflexion de tous les penseurs de la Renaissance, qu'ils soient érudits humanistes, hommes de lettres ou poètes. Mais il rend compte aussi de ce que l'humanisme est en soi utopie.
Dans un premier temps, Gargantua est un récit profondément comique qui ne laisse pas de place à la mélancolie et qui suscite le rire par divers procédés. Pourtant, le comique est au service d'une réflexion critique, profondément humaniste.
Rabelais fait une satire féroce de l'éducation sophiste, qui, selon lui, ne permet à l'élève ni de trouver du plaisir à apprendre, ni de vivre en société. Il lui oppose un éloge appuyé de l'éducation humaniste, qui forme des jeunes gens cultivés et aptes à aller vers l'autre.
Cette œuvre rabelaisienne est donc une œuvre profondément humaniste. L'apologie de la vie et la satire religieuse qui y est faite rentre donc dans les critères qui définissent l'humanisme classique. L'Homme est au centre de tout, il cherche la connaissance et, il est libre de ses pensées et de ses mouvements.
Instruit dans une pédagogie qui suit une méthode scolastique, Rabelais rejette dans ses écrits l'enseignement de l'institution religieuse, où il va illustrer une pédagogie qui suit les modèles de l'humanisme : une éducation qui donne une place très importante à la nature, au Dieu et au savoir.
Dans l'éducation que rêve Rabelais, on étudie toujours, même à table. Là, l'instruction se fait en causant: l'entretien porte sur les mets, sur les objets qui frappent les yeux de Gargantua, sur la nature et les propriétés de l'eau, du vin, du pain, du sel, etc. Chaque nouvel objet est l'occasion d'une leçon nouvelle.
Mais la vie des mortels, comme les Fanfreluches, n'est pas si insignifiante qu'on pourrait le croire. C'est pourquoi Rabelais a placé l'énigme au début du Gargantua : pour confronter les mortels, et plus précisément les lecteurs, à leur façon d'être inauthentiques.
Lorsque commence l'assaut du château, Gargantua n'a qu'à donner quelques coups de son « grand arbre » pour détruire le château et les ennemis qu'il abritait. Bien évidemment, les prouesses guerrières de Gargantua, par leur aspect inattendu et cocasse, prêtent à rire.
Mais il montre aussi, à la fois des relations aux adultes dépourvues de respect mais aussi de tabous (l'enfant est tout heureux d'avoir joué un bon tour aux invités de son père), une grande agilité de langage, et une obsession de la scatologie.
Cela montre l'optimisme de l'humanisme (première moitié du XVI° siècle). Le rire témoigne d'une conception positive de la vie, d'une quête incessante du bonheur. Le rire permet de sauver l'humanité souffrante.
- Veut une éducation humaniste centrée sur 3 pôles : état d'esprit (référence à l'Antiquité), formation complète (on pense l'homme dans sa globalité : âme, esprit, corps), un savoir-être (doit savoir se comporter en société -> vocabulaire nouveau : « excréments naturels »).
Le moine défroqué est un apôtre de la liberté de conscience
Grâce à lui, il peut répandre son rire provocateur. Car « le rire est le propre de l'homme », pense- t-il. Le moine défroqué est un apôtre de la liberté de conscience, chantre du libre examen et de l'indépendance d'esprit.
R. se moque de l'Eglise, des hommes d'Eglise etc., mais il ne remet pas en cause la religion. Ne pas oublier que c'est un moine ! Il se pose en réalité simplement la question sur la manière dont on pourrait la pratiquer de manière plus éclairée et plus intelligente Il remet donc en cause certaines institutions.
Rabelais a eu le mérite de souligner l'importance de la science ; Montaigne a mis l'accent sur la formation du jugement. Ils s'adressent à un lectorat différent : l'un veut divertir par une parodie d'épopée un lectorat très large ; l'autre écrit en philosophe.
Gargantua s'éveillait donc vers quatre heures du matin. Pendant qu'on le frictionnait, on lui lisait quelque page des saintes Écritures, à voix haute et claire, avec la prononciation requise. Cet office était dévolu à un jeune page natif de Basché, nommé Anagnostes.
De leur union naîtra Gargantua, après 11 mois de gestation, au milieu du grand banquet que le couple donne pour mardi gras. La naissance est extraordinaire à plus d'un titre puisque l'enfant sort non pas du ventre mais de l'oreille de sa mère, et qu'il réclamera d'entrée à boire, ce qui lui vaudra son nom.
Pendant la beuverie, Gargamelle ressent des contractions et met au monde de manière insolite Gargantua. Il sort de l'oreille gauche de sa mère et réclame aussitôt à boire.
Il fait des jeux de mots (il s'enrime), il fait des poèmes (voir le distique), il raisonne même en faisant de la logique : Il n'est, dit Gargantua, pas besoin de se torcher le cul s'il n'y a pas de saleté. Or la saleté n'y peut être si on n'a pas chié.
Rabelais suggère ainsi que le rire apporte la santé, combat la douleur et le chagrin qui rongent les hommes et qu'il permet alors de produire une distance suffisante pour percevoir l'ambiguïté du monde….
L'écriture de Rabelais est incontestablement œuvre de littérature, au service d'une pensée libre : on y retrouve l'art du narrateur populaire, la conviction du philosophe humaniste. C'est une écriture en liberté qui échappe par le rire et au fil des siècles, à la censure.
- guerrier, pourfendeur de géants, qu'il met volontiers dans sa besace. - parfois invoqué comme croquemitaine. - énorme géant, bonhomme et bien intentionné, débonnaire et jovial. - d'une force exceptionnelle.