Done Elvire. Enfin, Done Elvire est la dernière femme de Dom Juan, il l'a abandonnée avant de partir en voyage, sûrement pour enrichir le nombre de ses conquêtes. Dans ce passage, elle apparaît en colère et très malheureuse : “DONE ELVIRE.
Done Elvire
Abandonnée, humiliée et délaissée, elle vient demander une explication à Dom Juan qui se dérobe (I, 3), ce qui suscite son courroux. On la retrouve à l'acte IV, apaisée, annonçant à Dom Juan sa décision de retourner au couvent et lui demandant une dernière fois de réformer sa conduite.
Elvire : Épouse de don Juan, elle découvre la vraie personnalité de celui-ci et ses tromperies. Don Louis : Père de don Juan, il incarne la noblesse et l'honneur.
Dom Juan et Sganarelle sont interrompus par Done Elvire qui vient leur demander des explications. Pour la première fois, Dom Juan a l'air confus.
Pierrot, abandonné par sa fiancée séduite par Dom Juan, est lui aussi une victime. D'autres personnages satellites sont tour à tour malmenés par le libertin : le Pauvre à qui on demande de blasphémer pour avoir quelque sou, ou M. Dimanche qui bien que non noble met à mal la probité de Dom Juan.
Dom Juan meurt à la fin de la pièce, tué par la statue du Commandeur. C'est un châtiment divin, qui a été annoncé dès le début de la pièce. Sganarelle le précise bien dans le dernier acte, Dom Juan est puni pour ses péchés.
L'impétuosité de Dom Juan lui vaudra la mort par le Ciel, par l'entremise du bras d'une statue de pierre. En cela, il est représentatif d'une tragédie classique : la pièce se termine avec la mort du personnage principal.
Dom Juan nous apprend que la fidélité à soi-même est ainsi la première éthique d'une vie publique, et nous avertit du risque encouru lorsque que l'on renonce à son intégrité. Dom Juan n'adhère pas au système de valeurs religieuses qui fondent la bienséance de son temps.
Gusman, son écuyer, lui dresse un portrait très péjoratif de celui-ci, en le présentant comme un mécréant (qui ne croit pas en Dieu), libertin et immoral. Apparaît ensuite Dom Juan avec son valet Sganarelle : il a prévu d'enlever une jeune fiancée. Il abandonne alors sans explication une Elvire furieuse.
Voici le détail de l'histoire : un Commandeur, personnage noble espagnol, est tué par Don Juan alors qu'il tente de sauver l'honneur de sa fille qui vient d'être abusée dans ses propres appartements. Après sa mort, on le place dans un somptueux mausolée, dans lequel se trouve une grande statue de pierre à son image.
Seul son fidèle valet est à son écoute et est là pour lui, ce qui renforce son rôle de confident. Don Juan et Sganarelle sont donc complémentaires et c'est bien pour cette raison que l'un ne peut pas se passer de l'autre. Les relations Don Juan/Sganarelle mettent en lumière l'habileté et le génie moliéresque.
L'impiété de Dom Juan
Le comique paraît notamment quand Sganarelle associe la religion chrétienne à des superstitions et des croyances populaires, s'étonnant que son maître ne croie même pas au "loup-garou". Le champ lexical de l'impiété est très présent : "diable", "turc", "hérétique", "ni saint ni dieu", "ni ciel".
Humain et plein de défauts (il est tour à tour vénal, incompétent, tyrannique, paresseux, égoïste…), il est au cœur de la farce et le contrepoint au pathétique.
Résumé Sganarelle, riche bourgeois veuf qui n'écoute que ses propres ambitions égoïstes, refuse de marier sa fille unique Lucinde car il serait forcé de payer une dot considérable à son gendre (qui deviendrait également l'héritier de la fortune de Sganarelle). Lucinde fait semblant d'être malade.
– Je veux voir un peu ses raisons. DOM JUAN, bas, à Mathurine. – Je gage 1 qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'épouser.
Gusman représente les intérêts de Done Elvire face à ceux de Dom Juan. Sganarelle est critique à l'égard de son maître, mais il est aussi fasciné par ses talents d'orateur. Sganarelle essaye de faire lui aussi de longs discours, mais il est maladroit et s'exprime comme un valet.
L'interlocateur de Sganarelle est Gusman, valet de Dona Elvire. Nous apprenons qu'Elvire, abandonnée par Don Juan, vient pour le retrouver. Sganarelle évoque “son voyage en cette ville” et estime que la démarche “produira peu de fruit”.
Pourchassé par les frères de Done Elvire qui veulent venger l'honneur de leur sœur, Dom Juan trouve sur sa route la statue d'un commandeur qu'il a tué. Par provocation, il l'invite à dîner ; la statue lui fait signe qu'elle accepte l'invitation !
Selon lui, l'inconstance est la seule condition à respecter pour être heureux en amour. Cette doctrine est explicite dans la phrase : "tout le plaisir est dans le changement". D'ailleurs, il ne parle jamais d'une seule femme. Il emploie le pluriel pour désigner ses conquêtes amoureuses : "toutes les belles".
Or le personnage de Dom Juan scandalise en 1665 par son comportement libertin, c'est-à-dire libre par la pensée au point de vouloir s'affranchir du dogme religieux et libre dans les mœurs puisqu'il est un séducteur invétéré. Cette position est intenable au XVIIème siècle qui condamne l'athéisme.
On peut évoquer un dénouement tragique, non seulement en raison de la mort de personnage titre, mais aussi parce que Don Juan épouse jusqu'à la fin sa destinée. Son châtiment est d'ailleurs annoncé tout au long de la pièce. De même, le héros est soumis à un dilemme, se repentir ou mourir.
Si la pièce de Molière avait uniquement pour but de dénoncer la démesure d'un athée, Dom Juan trouverait en face de lui des défenseurs conséquents de la religion, comme Tartuffe a eu en face de lui Cléante. Or le défenseur le plus présent est... Sganarelle !
Dom Juan doit de l'argent à Monsieur Dimanche, venu le lui réclamer. Il n'a aucune intention de régler sa dette mais consent à le recevoir. Face aux créanciers, il prétend avoir « le secret de les renvoyer satisfaits sans leur donner un double ».
Après la mort de Molière, c'est donc la version en vers de Thomas Corneille qui est représentée. La première reprise du Dom Juan de Molière a lieu en 1841, mais la pièce reste peu montée. En 1947, Louis Jouvet la met en scène et interprète le rôle-titre (Doc. 2).
Don Juan est mort de la main du Commandeur.