La parole ne peut donc pas tout dire et heureusement, car cela n'est ni nécessaire ni souhaitable. Les limites de la parole sont en réalité fécondes car elles représentent un défi perpétuel, une frontière fluide à repousser toujours plus loin, le gage de la perfectibilité du langage humain.
La parole possède de nombreux pouvoirs : elle peut séduire, manipuler, enchanter, guérir mais aussi blesser ou humilier. Son importance fondamentale est mise en valeur par l'aspect divin qu'elle revêt dans la pensée judéo-chrétienne.
En tant qu'être social, l'humain est par essence lié à la parole ; elle lui offre un proto- outil pour communiquer, échanger, apprendre, et ainsi se structurer en groupe. La parole est donc, de fait, un axe transversal des sciences humaines.
Henri Thomas [1] 1Les paroles ont un effet sur les personnes auxquelles elles s'adressent : elles les informent, les influencent ou les émeuvent, les attristent ou les amusent. Mais chose plus paradoxale, elles ont aussi un effet sur celui-là même qui les élabore et les émet. Cet effet, nous le disons rétroactif.
La parole est le propre de l'homme, elle permet de communiquer, d'échanger. En ce sens, elle est au fondement de la civilisation humaine et de la politique. Toutefois, tous les hommes ne maîtrisent pas la parole de la même façon. On parle ainsi d'art de la parole, ou encore de rhétorique ou d'éloquence.
Elle peut faire peur et conduire à des réactions violentes. Elle peut être vécue comme une mise en danger par certains membres du groupe. Cette parole peut se retourner, ou plus exactement, être retournée contre celui qui l'a confiée au groupe de parole.
La parole est intense; elle est comme une grande force qu'on doit apprendre à maitriser. Apprendre à parler signifie qu'on peut maitre de notre parole. Quand on sait parler, on peut comprendre les sens cachés derrière les mots énonces. Comme la parole est caractérisée comme un art le même se passe avec la littérature.
Il permet la transmission. Il est souvent associé au pouvoir. Les ethnologues ont montré que ceux qui avaient le pouvoir possédaient la parole. Ce lien entre pouvoir et parole est d'ailleurs un des aspects importants de la pré-modernité et du monde des Anciens.
La parole est le langage incarné de l'Homme. La parole est singulière et opère un acte de langage qui s'adresse à un interlocuteur, éventuellement soi-même, mentalement, ou à un support par l'écrit par exemple. La parole permet d'exprimer des besoins, pensées, sentiments, souffrances, aspirations, du locuteur.
Une parole qui ne vise pas seulement à convaincre, mais aussi à persuader fait appel aux sentiments de l'interlocuteur en plus de s'adresser à sa raison. L'objectif est d'agir sur sa sensibilité afin qu'il adhère entièrement à la thèse soutenue.
Bien parler, c'est autrement dit bien savoir s'exprimer. Cette expression renvoie à ce que le langage populaire appelle le « beau parleur », autrement dit, celui qui sait persuader, qui subjugue les foules voire qui peut les manipuler.
L'autorité est un pouvoir de commander qui a pour effet l'obéissance de celui sur lequel s'exerce ce pouvoir. L'autorité de la parole est donc l'expression du pouvoir qu'a la parole d'engendrer des effets concrets sur les choses.
Définition philosophique de la parole
La parole, c'est la mise en pratique du langage, elle peut être orale ou écrite. Il ne faut pas considérer la parole comme quelque chose d'uniquement oral : la parole peut être aussi écrite, retranscrite, même si le verbe « parler » renvoie plus spécifiquement à la pratique orale.
La parole en tant qu'arme sociale
Apparaît alors un handicap social dans le cas de l'illettrisme et de l'analphabétisme. En effet, l'incapacité à maîtriser le langage prive l'accès à la connaissance et rend plus difficile l'intégration dans la société.
Pour qu'il y ait autorité de la parole, il faut qu'un orateur s'impose devant une personne ou une assemblée. L'autorité de la parole apparaît légitime depuis que les hommes se sont réunis en cités.
Le pouvoir de séduction de la parole peut être utilisé pour flatter, tromper ou pousser quelqu'un à agir contre son propre bien. Il peut également être utilisé pour convaincre un auditoire, par exemple en politique ou en droit, car les êtres humains sont tout autant mus par leur raison que par leurs émotions.
Donc par définition, la parole n'est pas un sens car ne permet pas la perception de quoi que ce soit. La pensée pourrait l'être à partir du moment où l'on est capable de percevoir quelque chose sans utiliser un autre sens (télépathie), mais n'a jamais été reconnue comme un sens car non justifiable.
1. Faculté d'exprimer et de communiquer la pensée au moyen du système des sons du langage articulé émis par les organes phonateurs. Apprentissage de la parole; trouble de la parole; organe de la parole; être privé de l'usage de la parole; être doué de la parole.
Le psychologue américain Merlin Donald a imaginé que la première forme de langage a fait son apparition chez Homo erectus, sous forme d'un langage mimétique (2). Pour désigner un lion ou un buffle, les premiers hommes auraient utilisé le mime en adoptant leur démarche et leurs gestes caractéristiques.
La parole est un outil incroyable. Elle permet d'exprimer nos pensées, de nous connecter aux autres et parfois même de changer le monde. Sidonie Bonnec s'intéresse à ses super-pouvoirs en compagnie d'un avocat et professeur d'art oratoire.
Mais la pure connaissance technique de la pratique dont on parle, sans une maîtrise et sans un charisme de la parole, ne permettra pas d'être convaincant, de « faire passer le message ». Conclusion : Pour s'imposer par la parole, il faut non seulement savoir parler, mais aussi savoir de quoi l'on parle.
Les séductions de la parole désignent donc essentiellement la puissance par laquelle la parole parvient à nous ensorceler, à nous charmer, voire à nous détourner de ce que l'on pensait ou faisait avant de l'entendre.
Tout d'abord, nous pouvons dire que le pouvoir de la parole peut être redouté car les mots sont parfois très puissants et peuvent se révéler aussi efficaces que les armes dans des cas précis.
Aristote relève deux éléments inhérents aux mots : tout d'abord, leur fonction : ce sont des symboles expressifs de l'état de notre âme ; ensuite leur efficacité (pour ne pas dire la magie de leur efficacité) : avec des combinaisons de mots, je peux dire quelque chose de vrai ou quelque chose de faux.
L'autorité de la parole se doit d'être respectée. Pour cela, elle doit être exemplaire non seulement dans son message mais aussi dans l'action et le comportement auxquels elle donne lieu. Un chef qui donnerait des ordres qu'il violerait lui-même perdrait toute crédibilité et toute autorité.