Or, cet équilibre est régulièrement menacé par des conflits géopolitiques, notamment entre la Russie et l'Ukraine. Pour comprendre la situation, il faut savoir que l'exportation du gaz russe vers l'Europe se fait en partie via le territoire ukrainien (mais aussi par l'Allemagne, la Pologne ou encore la Turquie).
L'Allemagne en profite
Toutefois loin devant les Etats-Unis qui représentent désormais près de la moitié du GNL européen. Leurs exportations vers le vieux continent ont explosé de 150% au premier semestre, selon le GIIGNL. Les américains sont les grands gagnants de la crise du gaz russe.
Certains petits pays européens dépendent exclusivement du gaz russe, à savoir la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine et la Moldavie. La dépendance est également supérieure à 90 % de l'approvisionnement en gaz en Finlande et en Lettonie, et à 89 % en Serbie.
L'Italie, elle, se caractérise à la fois par de gros besoins en gaz (correspondant à 40 % de son mix énergétique) pour les ménages et l'industrie et une large dépendance à la Russie, qui représente près de la moitié de ses importations de gaz.
Notre fournisseur principal est la Norvège avec environ 36% du gaz naturel qui entre en France. Les Pays-Bas, l'Algérie, le Nigéria, le Qatar, les Etats-Unis, et d'autres encore nous alimentent également.
Mais des disparités existent au sein même de l'Europe puisque tous les pays ne sont pas dépendants des importations russes au même niveau. Par exemple, la Lettonie importe 100% de son gaz depuis la Russie alors qu'en France, la part des importations du gaz russe n'avoisine que les 20%.
“La Chine et l'Inde ne sont pas les seuls pays à acheter du pétrole russe”, commente Le Temps. La semaine dernière, l'Asie était encore la principale destination des exportations de brut russe, avec 50 % (1,71 million de barils), mais l'Europe en achetait 45 % (1,55 million de barils).
L'Espagne n'est pas parmi les pays les plus dépendants au gaz russe. Néanmoins le Premier ministre socialiste met en avant l'impératif écologique et la solidarité nécessaire au niveau européen.
L'Espagne, approvisionnée en gaz naturel liquéfié par l'Algérie, le regazéifie sur son territoire, dans son terminal de Barcelone, avant de l'utiliser pour sa consommation domestique et d'en envoyer une part au reste de l'Europe via un gazoduc qui traverse les Pyrénées au niveau du Pays basque.
Importations de gaz naturel par pays d'origine
La Norvège demeure le principal fournisseur de la France (36 % du total des entrées brutes), devant la Russie (17 %), l'Algérie (8 %), les Pays-Bas (8 %), le Nigeria (7 %) et le Qatar (2 %).
Le Portugal est approvisionné en gaz naturel : depuis l'Algérie par le gazoduc Maghreb–Europe qui relie le gisement d'Hassi R'Mel à Cordoue en Espagne ; de là, le gazoduc d'Estrémadure alimente le Portugal.
Gazprom, le fournisseur de gaz russe, a considérablement réduit ses importations vers l'Allemagne. Depuis le 15 juin 2022, GRTgaz, le réseau français de transport de gaz, ne reçoit donc plus de gaz par gazoduc, celui-ci étant lié au réseau allemand.
En tête des exportations françaises vers la Russie, on retrouvait, en 2019, les matériels de transport (24 %), les produits chimiques, parfums et cosmétiques (21 %), les machines industrielles et agricoles (11 %), les produits pharmaceutiques (8 %) ou encore les produits informatiques, électroniques et optiques (7 %).
Selon le ministre de l'Économie Robert Habeck, cité par Le Monde, cette contribution est le moyen « le plus juste » d'éviter une vague de faillites chez les importateurs de gaz, qui mettrait toute la distribution de chaleur et d'énergie du pays en danger.
L'Europe peut se passer de gaz russe, selon le commissaire européen Thierry Breton. Ci-dessus, le méthanier « Dream LNG » s'approvisionnant en gaz naturel liquéfié au port de Prigorodnoye, situé sur l'île montagneuse de Sakhaline, à l'est de l'Asie, en janvier 2022.
L'Europe fournit à elle-seule plus de 50% des importations brutes, avec en premier lieu du gaz norvégien dont la part a augmenté significativement depuis une quinzaine d'années pour compenser la baisse des importations en provenance de Russie et d'Algérie. Pour en savoir plus, consultez le site Gas In Focus.
Le gazoduc Maghreb-Europe, qui achemine le gaz algérien de Hassi R'Mel à Cordoue en Espagne, traverse le Maroc, dont la rémunération pour ce transit est un péage annuel sous forme de gaz. La propriété de la section marocaine du gazoduc sera transférée de l'Algérie au Maroc en 2021.
Fin novembre, une société britannique Sound Energy et l'ONEE ont signé un accord de fourniture de gaz naturel de la concession de Tendrara (est). Sound Energy s'engage à produire et à livrer à pays jusqu'à 350 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié par an, sur une durée de 10 ans.
Rabat se fournit en gaz via le gazoduc Gaz Maghreb Europe.
Le principal problème de l'Allemagne reste le gaz dont le pays dépend beaucoup dans son mix énergétique. Or, ce gaz provient pour l'essentiel de Russie.
La Russie fournit à l'Ukraine environ 60 % du gaz que ce pays consomme, soit 30 à 35 milliards de mètres cubes par an sur un total de 55 milliards [2]
Les principales réserves de gaz naturel
Le pays affichant la réserve la plus importante est la Russie, avec une moyenne de 37,4 milliers de milliards de m3.
la Norvège (10,7%) ; l'Algérie (10,3%) ; le Nigéria (9,6%) ; la Russie (8,7%).
Six mois après le début de la guerre, la Russie continue d'engranger des revenus record en exportant pétrole, gaz et charbon. L'Etat russe en a tiré plus de 40 milliards d'euros de recettes budgétaires en six mois, selon une étude du think tank CREA.
Et pour s'affranchir du pétrole russe, qui fait l'objet de sanctions de l'Union européenne, la France se tourne désormais davantage vers les Emirats Arabes Unis. Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, l'a annoncé ce dimanche matin sur CNews.