La religion Il faut analyser ici la figure de frère Jean qui interroge et suppose une lecture à plusieurs niveaux. Figure débonnaire, svelte, grand, sportif, frère Jean s'inscrit en faux par rapport à la figure des moines. C'est une manière de satire de la vie monacale du temps, de ses excès.
Le rire devient donc une véritable « arme » littéraire pour dénoncer, critiquer, se moquer, stigmatiser. Ainsi, dans Gargantua, Rabelais fait la satire de l'esprit de sérieux : savoir et sérieux ne sont, pour lui, pas compatibles. Il faut se moquer (et se méfier) du faux savoir et des faux savants.
Rabelais dénonce l'inaction des moines. L'ironie souligne l'inutilité des actions des moines : "une belle procession", "de beaux psaumes et de litanies", "de beaux repons", "À grand renfort". Décalage entre le vocabulaire mélioratif utilisé et la vive critique.
Par les exploits guerriers de Frère Jean des Entommeures (répondant au thème du gigantisme par l'extraordinaire force de ses coups et la démesure de sa puissance digne des héros de l'Iliade), Rabelais dénonce le non respect des hommes et du sang versé, même lorsqu'ils renoncent, expient, se retirent.
Rabelais est un fervent partisan de l'« Évangélisme ». Ce mouvement humaniste veut épurer la religion catholique et s'oppose aux ambitions temporelles des papes. Il proclame la nécessité de prendre l'Écriture comme seul fondement du christianisme et d'abandonner les institutions créées par les hommes.
On l'a dit, Rabelais utilise le rire pour faire passer des messages à ceux qui lisent le roman. Celui que l'on peut retenir avant tout est bien de chercher à comprendre le monde qui nous entoure, respecter certains principes afin que celui-ci ne verse pas dans le chaos.
“Le temps est père de vérité.” “L'appétit vient en mangeant ; la soif s'en va en buvant.” “Chacun abonde en son sens. ” “Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.”
Le véritable but du roman de Rabelais est de transmettre au lecteur les préceptes de cette éducation. D'un côté, il est question d'éduquer Gargantua pour qu'il sache identifier qui sont ses ennemis. Dans cette perspective, le rire fait partie intégrante de son éducation et de la dimension satirique du roman.
Rabelais est donc resté fidèle jusqu'au bout au principe de ne pas entreprendre guerre sans avoir essayé tous les arts et moyens de paix. Cela dit, s'il faut tout faire, par intérêt, pour éviter la guerre, elle n'est pas pour autant toujours illicite à ses yeux : il s'écarte ici d'Érasme.
II.
Cette critique du sophisme est initiée au chapitre xiv : l'enseignement du sophiste en lettres latines Thubal Holoferne puis celui de Jobelin Bridé ont pour unique conséquence de rendre Gargantua « fou, niais, tout rêveux et rassoté » (chap.
En d'autre thermes, Rabelais affirme que le clergé est ignorant et possède des lacunes intellectuelles. b- Les moines : Il reproche aux moines les récitations de prières mécaniques, il leur reproche aussi leur hypocrisie, leur paresse et leur ignorance.
L'éducation
Rabelais confronte dans son roman deux types d'enseignement. D'un côté, il présente la scolastique médiévale. Cet enseignement était remis en cause à l'époque de l'auteur, notamment grâce à l'arrivée du courant humaniste. Rabelais le décrit comme étant trop lourd et désuet, mais aussi ridicule.
➔ Comment Rabelais fait-il la satire de l'éducation sophiste ? Rabelais fait une satire féroce de l'éducation sophiste, qui, selon lui, ne permet à l'élève ni de trouver du plaisir à apprendre, ni de vivre en société.
Mais ceux-ci refusent, et les sujets s'en plaignent à leur seigneur, Gargantua. Celui-ci déclare alors la guerre à son ennemi Picrochole. Ces conflits sont connus sous le nom de guerres picrocholines et sont déclenchés par une raison insignifiante. Rabelais se moque ainsi des guerres qui naissent de querelles futiles.
Il raconte l'histoire à son roi. Le roi Picrochole finit par tuer le capitaine, pensant être trahi. Gargantua attaque Picrochole et gagne la guerre.
Il publie sous son propre nom Le Tiers Livre (1546) et Le Quart Livre (1552), évidemment censurés pour hérésie (croyance en opposition avec les dogmes de la Sorbonne).
Gargantua visite la cité de Paris et fait l'objet de la curiosité des Parisiens. Pensant qu'ils attendent un cadeau de bienvenue, Gargantua leur urine dessus, en gage de bonne volonté, et noie la plupart des habitants. Puis, il emporte les cloches de Notre-Dame pour les accrocher au cou de sa jument.
Gargantua nait de manière étrange. Après que Gargamelle eut mangé trop de tripes, on lui administre un astringent qui conduit Gargantua à naître par l'oreille gauche, permettant ainsi à Rabelais de décrire l'ensemble du trajet de Gargantua à travers le corps de sa mère. Il réclame alors aussitôt à boire.
En humaniste, Rabelais prône l'accès direct aux textes, sans la médiation trompeuse de commentaires ineptes, écrits par de faux savants ignorant les langues anciennes. Les humanistes reprochaient en effet aux commentateurs scolastiques d'utiliser un latin fautif et sans élégance.
Rabelais est un humaniste car sa passion de l'Antiquité le fait étudier les langues anciennes et traduire les ouvrages antiques en la langue parlée par ses contemporains. Il rompt avec le Moyen Âge en critiquant la société de son temps.
L'humanisme est pour Rabelais la tentative réussie de motiver une action collective par une littérature qui donne soif de vérité et d'idéal. Cela n'est possible que par un recours à la fois au langage populaire et à la culture savante.
1 - Adresses aux lecteurs
Enfin, Rabelais est un humaniste : pour lui, le vécu vaut mieux que tous les discours. Il va donc utiliser des images, et passer par l'expérience autant qu'il le pourra.
Dans Gargantua, Rabelais reprend les grands thèmes de son temps qui ont nourri la réflexion de tous les penseurs de la Renaissance, qu'ils soient érudits humanistes, hommes de lettres ou poètes. Mais il rend compte aussi de ce que l'humanisme est en soi utopie.
Autrement dit, dans l'utopie rabelaisienne, la liberté n'advient que sur la base d'une contrainte antérieure. C'est ce qui explique que la loi du désir à laquelle obéissent les Thélémites ne mène pas au chaos et au conflit.