C'est un homme libre, qui recherche sans relâche la liberté absolue : il rejette Dieu non par athéisme ou diabolisme mais par refus de limites, si lointaines soient-elles. Il ne s'attache à aucune femme, n'a aucun ami. Dom Juan se revendique comme anticonformiste.
Dom Juan se caractérise aussi par sa méchanceté : c'est un « grand seigneur méchant homme » (I, 1). Il aime en quelque sorte de façon sadique faire souffrir les autres. Il méprise la douleur de Done Elvire délaissée et humiliée, ou celle d'un Pierrot qui tente de préserver sa Charlotte.
Dom Juan est un libertin parce qu'il est un séducteur impénitent mais surtout parce qu'il est infidèle et qu'il ne tient pas sa parole donnée : il quitte Done Elvire pour tenter de séduire une jeune fiancée, puis charme Mathurine et promet aussi le mariage à Charlotte…
Dom Juan nous apprend que la fidélité à soi-même est ainsi la première éthique d'une vie publique, et nous avertit du risque encouru lorsque que l'on renonce à son intégrité. Dom Juan n'adhère pas au système de valeurs religieuses qui fondent la bienséance de son temps.
Dom Juan est un menteur et un manipulateur. Il séduit Mathurine et Charlotte en leur promettant de les épouser. Il ne tient pas sa promesse, mais il se moque aussi d'elles, les manipule, ménage la chèvre et le chou. Il se moque des fiancés, des frères, des amis.
le contraste entre Dom Juan et son valet est plaisant, le séducteur espiègle et le valet étourdi. Leurs échanges sont un vrai délice entre le cynique et impie Dom Juan et le moralisateur superstitieux qui est Sganarelle.
Qui est donc Dom Juan ? Son portrait est fait par son serviteur Sganarelle dès la première scène : un homme abominable, sans mœurs et athée par-dessus le marché, qui ne respecte rien ni personne hormis lui-même. Un homme libre, qui se détache volontairement et quel qu'en soit le prix de toute obligation sociale.
Il est bien sûr le type du valet, glouton, lâche, servile, bête, bavard, et sympathique, mais sa fonction et sa caution morales sont équivoques. Il est à la fois le double et le négatif de Don Juan. Face à son maître impie, il réaffirme les valeurs ordinaires et la religion.
Les thèmes abordés : l'infidélité, la trahison, le mensonge, le mépris, le blasphème, la séduction, l'amour, le ridicule.
Le tragique est principalement incarné par les personnages d'Elvire et de Dom Louis, mais également par Dom Juan dans sa confrontation prométhéenne à l'au-delà. Tragique en effet est la situation d'Elvire, qui aime encore un Dom Juan, qui l'a séduite, enlevée et épousée, et n'en est plus aimée.
Dom Juan est avant tout un héros par sa noblesse : il respecte les personnes qui appartiennent au même rang que lui. Il accorde également une certaine importance à l'honneur, qui était en quelque sorte une loi fondamentale chez les nobles.
Cette mort a clairement une dimension cathartique (purgation à visée morale) : Dom Juan meurt par le feu, élément purificateur, et on peut voir dans la sentence du Commandeur (« l'endurcissement au péché traîne une mort funeste, et les grâces du Ciel que l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre. ») un rappel à valeur ...
Grand séducteur sans scrupules ; homme à succès féminins, toujours en quête d'aventures amoureuses.
Aux yeux des religieux de l'époque, "Dom Juan" fait l'apologie du libertinage. Ils l'attaquent alors en règle : Molière est sommé de supprimer certaines scènes et plusieurs répliques qui tournent la religion en dérision. Censurée, la pièce ne sera jouée qu'une seule fois du vivant de Molière.
« La constance n'est bonne que pour des ridicules. » Mais c'est un animal logique dans toutes les autres circonstances. Et ce mouvement ne se fait pas sans panache. Et il est vrai que Dom Juan est courageux. Il fonce, n'a peur de rien.
Don Juan paraît rejeter les règles de la vie sociale : il refuse la famille, ridiculise le mariage. Il affirme sa liberté et ne veut obéir qu'à son désir et à la nature. Il semble par ailleurs ne pas tenir compte des classes sociales, et accepte de parler avec un marchand, son valet, voire un pauvre.
Il méprise le sacré, comme lorsqu'il dit au pauvre : « pour l'amour de l'humanité » (III, 2, p. 9-72, l. 39) alors que la phrase habituelle est « pour l'amour de Dieu ». A l'inverse, Sganarelle croit en Dieu et craint la fureur divine si Dom Juan ne se repent pas.
Il séduit Mathurine et Charlotte, deux paysannes, simultanément, leur promettant à chacune le mariage. Le patois des paysans, le burlesque de la situation donnent à la scène une tonalité résolument comique qui rend Dom Juan « amusant ».
Don Juan est né d'un fait divers rapporté par les Chroniques de Séville au XIVème siècle racontant l'histoire de Don Juan Tenorio, fils de l'amiral Alonso Jofre Tenorio, lequel aurait tué le commandeur Ulloa dont il avait séduit la fille.
Poursuivi par les frères d'Elvire qui veulent venger leur sœur déshonorée, Dom Juan rencontre un pauvre qu'il tente de corrompre en lui demandant de jurer. Puis il trouve le tombeau d'un Commandeur, homme respectable qu'il a tué en duel. Il se moque de lui en conviant sa statue à dîner avec lui.
Dom Juan ne croit pas au Ciel. Il méprise les sacrements de l'église comme par exemple le mariage qui n'est pour lui qu'un moyen de séduction. La transgression : Dom Juan transgresse les mœurs. Il ne respecte pas du tout les femmes, le mariage, ni les règles sociales en général.
Sur le plan de la narration, c'est la petite fille qui possède Don Juan, et non plus l'inverse, car c'est sa voix qui donne finalement le récit.
En effet le spectre est une « femme voilée » (didascalie du début de la scène 5) + Dom Juan dit « Je crois connaître cette voix ». En plus on sait que Elvire est à nouveau entrée au couvent, qu'elle a pris le voile de bonne sœur : on a donc l'impression que cette femme mise à mal par Dom Juan se venge.
Dona Juana, bien comprise, est l'irreprésentable féminin. C'est pourquoi il faut qu'elle soit représentée. Telle est donc l'entreprise à la fois paradoxale et rigoureuse dans laquelle Patrick Verschueren s'est engagé : pour que le Don Juan de Molière soit lui-même, il doit devenir femme.