La liberté et la fluidité balancent avec un texte très souvent élégiaque et permettent une lecture facile et vivante. Ni trop antique ni trop moderne, Alcools permet par son ambivalence d'être un plaidoyer pour le "c'était mieux avant mais on va faire autre chose".
Guillaume Apollinaire lui a finalement préféré le titre Alcools, plus poignant, plus incisif. Le pluriel est utilisé parce que le sujet est récurrent dans le recueil, au sens littéral comme au sens figuré et métaphorique. La poésie est vue par l'auteur comme une fermentation des mots qui donne de l'énergie à la vie.
Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la poésie, allant de l'élégie au vers libre, mélangeant le quotidien aux paysages rhénans dans une poésie qui se veut expérimentale, alliant un travail sur la forme et sur l'esthétique à un hermétisme et un art du choc.
La modernité de la poésie d'Apollinaire provient aussi de la forme : le poète abandonne la ponctuation, les vers sont inégaux, la rime disparaît souvent au profit de l'assonance et la typographie de certains poèmes - les calligrammes - expriment une grande liberté d'esprit et de fantaisie.
Le souvenir, la nostalgie, la fuite du temps sont des thèmes lyriques traditionnels qui sont au cœur du recueil Alcools.
La lecture de ce recueil est fort agréable. Ce n'est ni une poésie naïve au métaphores consommées, ni une poésie rebutante par sa complexité exagérée et fade. Au contraire, c'est un recueil qui vous entoure de plaisir une fois ouvert comme ces boîtes à merveilles.
Les sentiments s'expriment avec retenue. Résigné, le poète accepte sa condition et renouvelle le lyrisme amoureux en mettant en évidence la permanence de l'être dans le refrain (« je demeure »). Vers une modernité formelle : l'absence de ponctuation et les nombreux enjambements confèrent une grande modernité au poème.
Le recueil
Il s'inspire de sujets de son époque, comme le Pape Pie X, la Tour Eiffel, ou l'art. Il consacre ainsi un poème à Picasso, "Les Saltimbanques" (un tableau de Picasso porte ce nom). La modernité vient surtout de la forme. Apollinaire rejette toute utilisation de la ponctuation.
À ce caractère romantique s'ajoute la poésie moderne dont il est le pionnier. Par ses tentatives audacieuses, avant-gardistes et novatrices, Guillaume Apollinaire a contribué à orienter la poésie française vers des chemins encore inexplorés qui ont fait de lui un poète nouveau, tant sur la forme que sur le fond.
Une liberté de ton. Ensuite, Apollinaire prend ses distances avec la tradition, il veut lui apporter une approche nouvelle comme en atteste le premier vers de « Zone »: « A la fin tu es las de ce monde ancien ». Apollinaire se libère des carcans, et en particulier des normes poétiques.
Il est le plus souvent utilisé en octosyllabes. D'origine latine, le distique est une strophe de deux vers qui fait office de refrain comme dans le célèbre poème sur le Pont Mirabeau. Il s'agit de vers qui sont sans strophe, sans rime et sans unité métrique.
Dans « Alcools », l'auteur soulève plusieurs thèmes parmi lesquels la Religion, l'Amour, la fuite du temps …etc. Mais le thème qui nous intéresse dans cette œuvre, c'est les voyages. Ce mot voyage qui se définit selon le Larousse comme étant le fait de se déplacer hors de sa région, de sa ville ou de son pays.
Apollinaire est à l'origine du terme surréalisme, il est considéré comme le précurseur de ce mouvement, en raison de son écriture et de sa conception de l'art et de l'existence. Il a marqué un tournant moderne dans l'art.
Le mythe d'Orphée utilisé par Apollinaire est une référence certaine au cubisme orphique du peintre Delaunay. Un parallèle s'effectue entre la peinture et Alcools : il y a la même déformation des objets et la même importance des couleurs et des contrastes. C'est donc une conception résolument moderne de la poésie.
Un recueil autobiographique
La moitié du recueil est née du séjour en Allemagne qu'il fit en tant que précepteur. La section intitulée "Rhénanes" restitue les impressions du jeune voyageur, alors épris de la gouvernante. Son amour déçu le conduit à fuir Paris où il écrit "La chanson du mal-aimé".
Ainsi, Apollinaire se sert des différentes religions et de leurs mythologies pour décrire la souffrance du poète comme la peine d'amour qui fait référence aux amours maudits de la mythologie comme Orphée.
Les poètes modernes libèrent leur art des formes antérieures en particulier en valorisant la prose ou en ouvrant leur regard à tout objet serait-il ordinairement considéré comme laid ou péjorativement comme « moderne », la beauté poétique étant en définitive la seule exigence.
Apollinaire pose (les yeux du poète sont toujours braqués vers l'objectif) et expose sa tête bandée : jamais dissimulées, la gaze et la sangle de cuir témoignent ostensiblement d'une opération passée et le port de l'uniforme, lui aussi toujours mis en évidence, indique bien qu'il s'agit d'une blessure de guerre.
Le Pont Mirabeau est le plus beau poème de Guillaume Apollinaire. Cette oeuvre sans ponctuation, inspirée par Marie Laurencin qu'il commence à fréquenter en 1907, se trouve dans le recueil Alcools (1913).
Il répondà 5 critères que sont:l'effet de surprise, le poète qui occupe la place d'un prophète et d'un visionnaire,l'inspiration venant du quotidien, l'exaltation du progrès scientifique et enfinl'utilisation d'un lyrisme moderne.
3 Le recueil s'ouvre par "Zone" et se termine par "Vendémiaire," tous les deux pub liés en 1912, "Zone" dans les Soirées de Paris au mois de décembre, et "Vendémiaire" un mois auparavant dans le même journal.
Le recueil est à la fois moderne aussi bien dans la forme (vers libres, collages par exemple pour « La maison des morts », qui était à l'origine une petite nouvelle en prose, redécoupée et collée en vers), que dans les thèmes (ville, modernité…); et à la fois traditionnel (rimes, vers réguliers (quintils d'octosyllabes ...
Un poème en vers libres est un poème qui ne présente aucune structure définie. Les vers sont de longueur variable et peuvent être rimés ou non. Le poème en vers libres n'est pas nécessairement constitué de strophes et ne respecte pas un rythme fixe, c'est-à-dire que le nombre de pieds par vers est variable.
C'est toute la tradition derjavinienne du poème solennel, de la poésie de circonstance qui se trouve ici rappelée, et confirmée par l'organisation très traditionnelle du poème : la régularité des rimes, ou l'organisation strophique, avec le balancement classique strophe / antistrophe .