La Russie coupe le gaz, l'Allemagne contre-attaque sur le pétrole. Berlin a placé sous tutelle les filiales allemandes du groupe pétrolier russe Rosneft. Le but de cette décision stratégique, selon l'“Augsburger Allgemeine” : permettre au pays de se détacher du pétrole russe.
La nouvelle est tombée mardi 30 août, en soirée. Gazprom a fait savoir qu'il allait suspendre entièrement ses livraisons de gaz au groupe français Engie à partir de jeudi 1er septembre. En cause, le non-paiement par ce dernier de l'intégralité des livraisons effectuées en juillet.
« Gazprom Export a notifié Engie d'une suspension complète des livraisons de gaz à partir du 1er septembre 2022 jusqu'à la réception en intégralité des sommes financières dues pour les livraisons », a indiqué le groupe russe dans un communiqué publié mardi soir sur son compte Telegram.
Tout d'abord, notre Président rappelle les raisons pour la coupure de gaz qui devrait s'appliquer à partir du 1er septembre 2022. Selon Yves Bertoncini, l'énergie est, aux côtés de l'armée, une des deux armes de guerre que Poutine emploie dans son offensive en Ukraine.
Importations de gaz naturel par pays d'origine
La Norvège demeure le principal fournisseur de la France (36 % du total des entrées brutes), devant la Russie (17 %), l'Algérie (8 %), les Pays-Bas (8 %), le Nigeria (7 %) et le Qatar (2 %).
Si de nombreux pays d'Europe centrale ou orientale dépendent entièrement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz, comme la Slovaquie ou les Pays Baltes, la part du gaz russe est de 80 % en Pologne, 65 % en Autriche, 37 % en Allemagne et en Italie et 24 % en France.
A commencer par la Pologne et la Bulgarie. Ces deux pays avaient refusé de payer les livraisons en roubles depuis des comptes russes, comme l'exige Moscou. Pour cette même raison, la Finlande, les Pays-Bas et le Danemark sont également privés de gaz russe.
L'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie, la Pologne, la Bulgarie, la Belgique et l'Espagne font partie des plus gros consommateurs de produits fossiles russes. La France arrive en cinquième position. Elle a importé pour plus de 5 milliards d'euros de gaz et de pétrole russes entre le 24 février et le 24 août.
Seulement, la tâche est herculéenne, surtout en ce qui concerne le gaz naturel: l'UE importe 90% du gaz qu'elle consomme, et 45% de ces imports proviennent de Russie.
Pour se justifier, le géant gazier russe a reproché à Engie de n'avoir pas payé l'intégralité des livraisons effectuées en juillet. Côté français, une source industrielle explique qu'il s'agit « simplement » d'un « différend commercial lié avant tout à une différence d'interprétation ».
Les fournisseurs de gaz
Il s'agit d'Alterna, Antargaz, Butagaz, Total Direct Énergie, Dyneff, Eni, Iberdrola, Vattenfall, Énergem, Mega Énergie et EDF, qui a le statut de fournisseur alternatif pour le gaz. Outre le tarif réglementé, le fournisseur historique Engie commercialise également le gaz à prix de marché.
Le prix du kWh de gaz naturel en 2022 est fixé à 0,0880 € TTC au tarif B1 (Chauffage), 0,1121 € TTC au tarif B0 (eau-chaude) et 0,1121 € TTC pour le tarif Base (cuisson), en zone tarifaire 2. De nombreux fournisseurs alternatifs proposent des remises sur le prix du kilowattheure .
Les livraisons de gaz russe vers l'Europe via le gazoduc Nord Stream de nouveau stoppées. Le réseau européen de transport de gaz Entsog annonce ce mercredi 31 août l'arrêt des livraisons de gaz russe transitant par Nord Stream. Le russe Gazprom confirme cette suspension pour au moins trois jours.
En 2021, environ 45% des importations de gaz naturel de l'UE provenaient de Russie. Face à la situation actuelle, la Commission européenne propose un plan, baptisé REPowerEU, visant à affranchir l'Union de sa dépendance au gaz russe d'ici à 2027. En 2021, l'UE consommait 400 milliards de mètres cubes de gaz.
La banque centrale prévoit une reprise de l'économie dès l'an prochain, mais seulement en fin de second semestre. En 2023, la Russie devrait enregistrer une baisse de 1 à 4 % avec, au quatrième trimestre, une augmentation de 1 à 2,5 %. Avec pour objectif, en 2025, un taux de croissance potentiel de 1,5 à 2,5 %.
Les plus importantes se trouvent au Venezuela, en Arabie saoudite et au Canada. En France, 11,8 % du pétrole provient des réserves saoudiennes, 10,3% de l'Algérie et 9,6% du Nigeria.
La France dépend partiellement de la Russie, mais elle est aussi le premier employeur étranger dans ce pays. Les sanctions infligées à la Russie, après l'invasion de l'Ukraine, pourraient également peser sur les échanges commerciaux.
Le plus vaste Etat du monde compte également parmi les premiers producteurs de plusieurs métaux industriels. A l'instar du palladium (pour l'automobile), du cobalt (pour les batteries), du tungstène (pour l'électronique), ou encore du titane (pour l'aviation), l'Hexagone est très dépendant de l'aluminium russe.
Les principales réserves de gaz naturel
Le pays affichant la réserve la plus importante est la Russie, avec une moyenne de 37,4 milliers de milliards de m3.
Le gazoduc relie la Russie à l'Allemagne par la mer Baltique. De ce fait, l'Allemagne, encore dépendante du gaz russe à 37%, est la première à subir les conséquences de cette interruption. Selon un rapport d'information du Sénat français daté du 31 août 2022, l'Autriche dépend à 65% du gaz russe.
Chine et États-Unis grands gagnants
Il est importé du champ gazier de Yamal, au nord de la Russie. Un champ exploité par le Français TotalEnergies et son partenaire russe Novatek, détaillent nos confrères.
C'est la Norvège qui fournit le plus de gaz dans le pays avec 36% des entrées brutes. La Russie arrive derrière avec 17%, suivie de l'Algérie et des Pays-Bas à 8%, et enfin le Nigéria (7%) et la Qatar (2%).
En France, le fournisseur historique de gaz naturel et toujours leader est Engie (ex-GDF Suez / Gaz de France). Depuis 2007, date de l'ouverture à la concurrence, EDF et de nombreux autres fournisseurs alternatifs de gaz sont venus concurrencer Engie.
A plusieurs reprises, TotalEnergies justifie ses choix en soulignant les contraintes de la sécurité d'approvisionnement énergétique. C'est notamment le cas pour son maintien dans les projets gaziers. L'argument est simple. L'Europe a encore besoin du gaz russe pour les deux à trois prochaines années selon la compagnie.