La menace d'une pénurie et les cours élevés du pétrole ont dopé tous les oléagineux (colza, tournesol, soja, palme), qui servent à produire des huiles, de l'aliment pour bétail et sont aussi utilisés comme agrocarburants. La tonne de tournesol coûtait 640 euros mi-février, contre près de 1000 euros désormais.
Il y a tout simplement un délai entre le moment où les industriels achètent les graines de tournesol et la mise en rayon des bouteilles d'huile.
Les augmentations du salaire minimum et la rareté de la main-d'œuvre qualifiée ont entraîné une augmentation des coûts pour les producteurs et les mouliniers. Tous ces facteurs ont contribué à une augmentation des prix de l'huile d'olive ces derniers temps.
Le problème est que ces acides gras poly insaturés sont très fragiles et se dégradent très facilement au contacte de la lumière, d'oxygène, et de chaleur. Autant dire que toutes les huiles riches en AGPI, disponibles dans le commerce ne sont pas bonne pour la consommation car trop dégradées.
En rupture de stock un peu partout dans le pays, l'huile de tournesol est menacée par la pénurie. En cause ? La guerre en Ukraine et son prix bas.
En savoir plus. Avec une récolte moyenne d'1,7 million de tonnes, la France se situe dans le peloton de tête des pays producteurs de tournesol au sein de l'Union européenne. Malgré ce rang, elle importe 120 000 tonnes d'huile de tournesol en provenance d'Ukraine, premier producteur et exportateur mondial.
D'après lui, la pénurie mondiale d'huile de tournesol devrait durer jusqu'à début 2023. La Banque mondiale prévoit des «prix élevés jusqu'en 2024».
Inflation et guerre en Ukraine, une addition qui inquiète les consommateurs. Effrayés par une éventuelle pénurie, ils se ruent en masse sur l'huile de tournesol et la farine pour faire des stocks.
«La pénurie actuelle en rayons est liée à des achats massifs. Le marché de l'huile est habituellement un marché stable et nous ne pouvons pas multiplier par deux nos capacités de production en trois semaines.
La baisse de prix arrive, au mois de mai. Elle est en cours d'être passée dans les magasins. Entre la négociation et la mise en œuvre, il y a un peu de temps administratif d'une part et parfois des stocks d'autre part. Quand vous avez acheté du stock un peu plus cher, vous l'écoulez.
L'huile de tournesol est celle dont les prix reculent le plus avec -2,3 %. Par ailleurs, l'UFC rappelle que même si une baisse s'observe, les prix ont d'abord doublé entre 2022 et 2023.
Le marché avait notamment était fragilisé par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, "qui avait entraîné une dérégulation des flux logistiques au niveau mondial, des pertes de production sur l'huile de palme notamment en Asie et qui, par ricochet, a fait monter le prix de toutes les huiles".
La véritable raison de la pénurie d'huile de tournesol et de colza (en particulier les marques propres bon marché des discounters) est l'accumulation d'achats. Certains discounters se voient donc désormais contraints de ne vendre de l'huile alimentaire qu'en quantités limitées.
Les rayons d'huile de tournesol sont vides mais certains producteurs croulent sous les commandes. En Dordogne, à Grun-Bordas, le moulin de la Gaumerie de Franck Monsallier a multiplié sa production par trois, malgré des graines qui coûtent jusqu'à deux fois plus cher qu'avant la pénurie.
Face à cette perspective incertaine, un appel à la raison est lancé aux Français, pour diminuer sa consommation, éviter de faire des stocks et pour inciter chacun à utiliser d'autres huiles que celle de tournesol : notamment colza, pépin de raisin, olive ou plus difficile à trouver celle de maïs.
« La Russie et l'Ukraine représentent 80 % de la production mondiale d'huile de tournesol : 50 % pour l'Ukraine, 30 % pour la Russie », indique Fabien Razac, directeur marketing de Lesieur, le leader français des huiles.
L'huile de tournesol n'est pas à éviter mais à consommer avec modération puisqu'elle contient une forte teneur en acide gras oméga-6 (acide linoléique) et pas d'acide gras oméga-3 9acide alpha-linolénique).
La pénurie d'huile de tournesol provoquée par la guerre en Ukraine a amené de nombreux industriels de l'agroalimentaire à modifier leurs recettes. Bonne nouvelle pour les consommateurs : dans la très grande majorité des produits, l'huile de tournesol a été remplacée par de l'huile de colza, meilleure pour la santé.
Hausse des prix certaine, pénurie probable
Les oléiculteurs français ne produisent qu'à peine 5% de l'huile d'olive consommée en France. Or, la sécheresse la plus grave est celle qui frappe la péninsule ibérique, où l'absence de pluie est couplée à des températures dépassant les 35° C.
L'Ukraine est la première productrice mondiale de tournesol, avec 50% du marché, talonnée par la Russie : à eux deux, ces deux pays en guerre représentent 80% des ressources. Outre l'huile, cette hégémonie sur la production concerne aussi les tourteaux de tournesol, destinés à l'alimentation animale.
La consommation du vieux continent en huile représente tout de même aujourd'hui 17 % de la consommation mondiale, devant les USA et l'Inde. Les plus gros consommateurs d'huile de tournesol sont de très loin l'Europe de l'ouest et l'Ex-URSS.
L'Ukraine est le plus grand producteur d'huile avec une production de 4,4 millions de tonnes par an suivie par la Fédération de Russie avec une production annuelle de 4 millions de tonnes. L'Ukraine et la Fédération de Russie produisent ensemble plus de 50% du total mondial d'huile de tournesol.
Manque de main d'oeuvre, pénuries de matières premières
Se greffent d'autres problèmes comme le manque de main-d'œuvre pour faire tourner les usines, ou encore des pénuries de matières premières.
Concrètement, il faut combien de kilos de tournesol pour produire un litre d'huile ? En moyenne, il faut 1 tonne tournesol pour 390 litres d'huile, soit environ 2,5 kg pour 1litre. Le colza a un meilleur rendement. Il faut 1 tonne colza pour 570 litres d'huile, soit 1,75 kg de graines pour un litre d'huile.
La cause : la guerre en Ukraine. Le pays est le premier exportateur dans le monde. Les problèmes d'approvisionnement contraignent les français à se tourner vers l'huile d'olive mais aussi vers l'huile de colza. Pour cette dernière, les prix d'achats se sont envolés.