C'est au XVIII siècle, vers 1742, qu'un dijonnais Jean Naijeon remplaça, dans la composition de la moutarde, le vinaigre par du verjus provenant des vignes toutes proches. Cette recette fit la renommée de la Moutarde de Dijon.
Les Chinois la cultivaient déjà il y a 3000 ans et furent les premiers à en broyer les graines et à les mélanger à un suc acide extrait du raisin, le verjus, afin d'obtenir de la moutarde.
La « moutarde de Dijon » est devenue une recette plus qu'un produit lié à une production et à un terroir. 90% de la production consommée en France reste toutefois produite autour de Dijon en Bourgogne, ainsi que 50% de la consommation Européenne.
80% des graines de moutarde proviennent du Canada, victime de sécheresse. Puisque la denrée est en rupture de stock dans certains supermarchés, certains pensent que la provenance vient d'Ukraine, pays en guerre en ce printemps 2022. Certaines graines viennent bien d'Europe de l'Est (notamment d'Ukraine, et de Russie).
En effet, la « moutarde de Dijon » ne bénéficie pas d'une appellation d'origine protégée (AOP) ou indication géographique protégée (IGP). Il suffit au fabricant de respecter une composition inscrite un cahier des charges pour que, où qu'elle soit produite dans le monde, une moutarde puisse se prétendre « de Dijon ».
La moutarde de Dijon est une moutarde forte à la renommée internationale. Elle est fabriquée comme autrefois à la meule de pierre par la Moutarderie Fallot à partir de graines de moutarde brune et de vinaigre.
Une moutarde pas si populaire au-delà de nos frontières
Une large partie des espaces cultivés ont été ravagés et non renouvelés après cet épisode climatique. «Depuis cinq ans, nous enregistrons une baisse de la productivité de près de 50 %.
En cause, la guerre en Ukraine et la sécheresse au Canada, principaux pays producteurs. Pour pallier cette pénurie, des producteurs français relancent cette culture. La récolte vient d'avoir lieu à Landrais, où Laurent Pinaud est paysan en agriculture biologique depuis 1995.
« La France est un gros pays consommateur de moutarde, abonde Luc Vandermaesen. Chaque Français en consomme en moyenne 1 kg par an. Alors que chez nos voisins, les ventes sont beaucoup plus faibles, les stocks durent beaucoup plus longtemps dans les magasins.
Maille, dans un cahier aux armes du roi… Aujourd'hui présente dans soixante-dix pays à travers le monde, la moutarde est intégralement fabriquée à 10 kilomètres de Dijon, à Chevigny- Saint-Sauveur (Côted'Or), la première usine de fabrication condimentaire en Europe.
La guerre en Ukraine ainsi qu'une forte sécheresse au Canada ont eu raison des pots de moutarde, presque introuvables dans les supermarchés depuis six mois. La majorité des graines nécessaires pour confectionner ce condiment viennent de Russie, d'Ukraine ou principalement du Canada.
Conflit en Ukraine
Mais le récent conflit a interrompu les exportations de graines de moutarde depuis l'Ukraine. Le pays aurait pu fournir les 32 000 tonnes de graines nécessaires à la production française, selon Le Point. La guerre a également bloqué l'accès aux grains de la Russie, frappée par un embargo.
Un produit piquant
Le climat du Nord du Canada est parfait pour la moutarde, étant donné qu'il s'agit d'une culture annuelle d'hiver qui peut pousser pendant une saison de croissance courte. Le Canada produit trois types de moutarde : la jaune, la brune et l'orientale.
Brassica nigra, la moutarde noire ou sénevé, est une plante annuelle, appartenant à la famille des Brassicacées, au même titre que les choux, les radis ou les giroflées. Brassica nigra est d'origine européenne, sa distribution naturelle étant surtout en zone méditerranéenne.
La moutarde est une plante surtout utilisée comme engrais vert en France. Elle dynamise les sols. Depuis les années 1990, la graine de moutarde pousse à nouveau en Côte-d'Or et, plus récemment, dans d'autres départements de France. C'est le résultat d'une dynamique lancée par la moutarderie Fallot, à Beaune.
La moutarde française provient en grande partie de graines venues de l'étranger. Une partie de celles-ci viennent de Russie et d'Ukraine et la situation géopolitique actuelle rend leur acheminement difficile. D'autre part, sur les 35 000 tonnes de graines nécessaires chaque année, 80 % sont importées du Canada.
Une production locale diminuée
Sauf que les cultures de graines de moutarde ont été mises à mal par les insectes. Les producteurs ont beaucoup plus de mal à s'en prémunir depuis l'interdiction des pesticides en 2019. Conséquence directe : le prix du pot de moutarde augmente.
A l'origine, les graines de moutarde brune proviennent d'un pays voisin à la Pologne. Il s'agit évidemment de la Russie. Depuis, de nombreux pays en produisent. C'est certainement la raison qui a poussé kamis à décliner ce célèbre accompagnement.
Ils en tiennent pour preuve les linéaires remplis de pots de moutarde observés chez nos voisins : Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Irlande, Roumanie, Norvège...
Maille est une marque française de spécialisée dans la fabrication de condiments : moutardes, huiles, vinaigres, mayonnaises, vinaigrettes, préparations pour l'apéritif et cornichons.
Depuis plusieurs semaines, la France est en proie à une pénurie de moutarde. Une situation exceptionnelle qui s'explique par plusieurs facteurs dont la guerre en Ukraine et la sécheresse au Canada. Les stocks ne devraient revenir dans les rayons que dans les prochains mois voire en 2023.
Après la pénurie de moutarde, d'autres produits pourraient prochainement manquer dans les rayons, explique BFM TV lundi 22 août 2022. Parmi eux, les huiles, les féculents, les farines, les pâtes et le riz.
On en trouve bien sûr sur place au Nord de l'Italie, dans des épiceries fines, les marchés mais aussi sur le net.
Mais avant même le début de l'assaut militaire russe contre l'Ukraine, il y avait des problèmes sur le marché des graines de moutarde. L'Allemagne achète également des semences au Canada, mais il y a des problèmes là-bas avec les sécheresses qui ont entraîné l'année dernière environ la moitié de la récolte habituelle.
Détenue depuis 2000 par le groupe Unilever, l'usine va être transférée à Chevigny-Saint-Sauveur, à une dizaine de kilomètres de là. Mais, après pratiquement un siècle d'activité à Dijon, l'amertume est grande chez les salariés.