Pour Baudelaire, l'âme de l'homme est un « gouffre » en raison des plaisirs égocentriques qu'elle suscite, comme le suggère le verbe pronominal« se plaire » et l'allitération en « t » : « Tu te plais à plonger au sein de ton image » (v. 5).
Le poète donne une valeur allégorique au monde qui l'entoure. D'une façon plus générale, à travers l'évocation poétique d'un objet, se dessine une allégorie : le monde quotidien devient alors réflexion sur la condition humaine. Ainsi « L'Horloge » que décrit Baudelaire dans un de ses poèmes, n'est plus un simple objet.
« payer grassement nos aveux ». La première personne est à la fois sujet et complément : on ne se donne jamais qu'à soi-même. Baudelaire, là, nous donne une vision pessimiste de la nature humaine. Et la religion elle-même est présentée comme inutile : « croyant par de vils pleurs laver toutes nos tâches ».
En affirmant « Je hais le mouvement qui déplace les lignes », la Beauté fait l'éloge d'une immobilité marmoréenne qui serait pour elle le seul véritable modèle de la beauté. Le mouvement est dispersion, changement, et ne peut donc convenir à une Beauté qui se veut éternelle, immuable.
Cette fascination amène cependant à des divergences d'interprétations selon les critiques. Ainsi, selon Jean-Michel Hirt, Baudelaire est « amoureux du féminin », alors que, pour Erich Auerbach, Baudelaire propose « une image dégradante de la sensualité, et surtout la mise en rapport femme-péché ».
En ce qui concerne l'amour humain, le pas au-delà de Baudelaire consiste à discerner l'abaissement que la volupté implique : l'esprit se trouve précipité dans la matière corporelle par l'opération amoureuse, il lui faut ressentir cet abandon de lui-même, ce rire et ces larmes qui dispersent toutes ses facultés.
La femme aimée est finalement pour Baudelaire inaccessible, à l'image de la Passante (« A une Passante »). Dans Les Fleurs du Mal, la femme est donc sensuelle, douce ou spirituelle. Mais elle se transforme aussi en femme fatale qui mène le poète au spleen.
Baudelaire refuse l'art traditionnel où le beau se trouve défini par son éloignement de la réalité. Selon lui, son époque a sa propre beauté : si le réel n'est pas toujours fiable et peut suggérer le surnaturel, alors le laid peut, à son tour, supporter l'harmonie et devenir un critère esthétique.
Le beau est extrait du mal, du laid. Il est ainsi mystérieux et énigmatique. Dans son recueil Les Fleurs du Mal ne dit-il pas dans un poème intitulé « La Beauté » : « Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ». leur douleur et souffrance.
Baudelaire se considère comme un alchimiste qui transforme la laideur du réel en beauté : « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or », écrit-il dans son poème « Orgueil ». Le poète se doit de transformer le réel par le verbe, en en extrayant la quintessence.
Dans ce cas, c'est l'artificiel qui dégrade la vertu. Baudelaire, défenseur de l'artificiel contre la nature, était extrêmement défavorable à l'artificiel de cet ordre, artificiel trop visible, synonyme de l'affectation.
Dans le projet d'épilogue, la poésie présente cette vertu alchimique de transfigurer la « boue » en « or », la laideur en beauté, et peut-être même le mal en chose « sainte » : débarrassé de ses scories, le réel livre son essence pure, heureuse, précieuse.
Le regard poétique va jusqu'à transformer, par la magie des mots, la laideur en beauté et un monde souvent sordide en un monde esthétique. Baudelaire explique le pouvoir du poète ainsi : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ».
Il cherche à extraire la beauté du mal par le travail poétique afin de dépasser la souffrance propre à l'âme humaine. La condition du poète : À travers ce dualisme entre spleen et idéal, c'est la condition du poète que l'auteur prend pour sujet.
Baudelaire indique clairement le mouvement de retour à soi de la création poétique. La sublimation de la douleur par la réversibilité permet donc au souffre- douleur, en lutte avec la pleine conscience de son être, de s'écarter de lui-même pour mieux regagner la souffrance qui le définit.
Elle exerce un attrait puissant sur le poète car elle est un être à part et mystérieux. L'alchimie poétique : Baudelaire invite le lecteur à voir au-delà des apparences. Il transforme peu à peu la mendiante en reine de roman.
Elle développe l'idée du spleen, malaise existentiel qui accable le poète. Au dégoût, à la laideur et au désespoir s'oppose l'Idéal, c'est à dire la beauté, le sens, l'évasion. Le poète est écartelé entre spleen et idéal, entre Dieu et Satan. Paru en 1857, ce recueil connait un destin difficile.
Publié en 1857, il voulait intituler « Les fleurs du mal » d'un tout autre nom : « les lesbiennes ». Il cherchait à choquer les bourgeois. Il songea également à « Les Limbes ». « Les Fleurs du mal » est un mélange détonant : cadeau empoisonné.
On considère Baudelaire comme un héritier du romantisme et un précurseur du symbolisme. De Musset, il hérite du « mal du siècle », de « l'ennui », du « vague des passions », ainsi que d'une attirance pour la maladie et les affres de la création poétique.
Ses refus. L'attitude de Baudelaire peut être négative, polémique même. Ainsi il poursuit de son ironie les prétentions de l'esprit positif et positiviste à envahir le domaine poétique. Il lutte contre ce qu'il appelle « l'hérésie de l'enseignement », dont il dénonce les formes les plus insupportables.
Avec Les Fleurs du Mal, Baudelaire crée une œuvre novatrice. Non seulement par son contenu, par la sensibilité qui s'y exprime et ses provocations à l'égard de la morale admise, mais également par sa structure, c'est-à-dire son organisation.
La boue semble donc omniprésente dans le recueil , à la fois sous sa forme organique mais essentiellement sous sa forme morale , qui en découle directement ; Englué dans la boue, la créature a bien du mal à s'élever et la boue va accompagner le Spleen qui , lui aussi naît d'une alchimie de la douleur et des idées ...
État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l'ennui, la tristesse vague au dégoût de l'existence. Synon. fam. bourdon2, cafard1; dépression, ennui, hypocondrie, langueur, neurasthénie.
Sont donc visés les poèmes suivants : « les Bijoux », « Sed non satiata », « le Léthé », « A celle qui est trop gaie », « le Beau Navire », « A une mendiante rousse », « Lesbos », « Femmes damnées », « les Métamorphoses du vampire ».
Le corps féminin est présenté comme plus beau que le masculin. Elle devient donc symbole de cet absolu du beau que ce soit démarche, sa chevelure, son parfum exotique, ses yeux, sa bouche, sa carnation, ses pas.