Le terme « Moutarde de Dijon » n'est pas juridiquement protégé. Si la recette doit utiliser des graines de moutarde brune, du vinaigre, du sel et de l'acide citrique… mais rien n'empêche que cette fameuse moutarde soit fabriquée ailleurs qu'à Dijon et avec des ingrédients dont la provenance peut être très lointaine.
En effet, la « moutarde de Dijon » ne bénéficie pas d'une appellation d'origine protégée (AOP) ou indication géographique protégée (IGP). Il suffit au fabricant de respecter une composition inscrite un cahier des charges pour que, où qu'elle soit produite dans le monde, une moutarde puisse se prétendre « de Dijon ».
Maille, dans un cahier aux armes du roi… Aujourd'hui présente dans soixante-dix pays à travers le monde, la moutarde est intégralement fabriquée à 10 kilomètres de Dijon, à Chevigny- Saint-Sauveur (Côted'Or), la première usine de fabrication condimentaire en Europe.
Les graines de moutarde utilisées dans la fabrication de la moutarde de Dijon proviennent du Canada à 80 % et des pays de l'Est. L'appellation « Moutarde de Dijon » n'est pas une appellation d'origine contrôlée, si bien que le terme n'est pas juridiquement protégé.
La culture de la moutarde a disparu de la région. Résultat : la majorité des graines sont cultivées au Canada ! Mais si les graines viennent du Canada, 90% de la production consommée reste produite à Dijon, ouf !
La moutarde est l'un des plus célèbres condiments de France. Consommée depuis l'Antiquité, elle est peu à peu devenue emblématique de la Bourgogne, avec la fameuse moutarde de Dijon dont la recette est protégée par un décret de 1937.
La moutarde de Dijon est une moutarde forte à la renommée internationale. Elle est fabriquée comme autrefois à la meule de pierre par la Moutarderie Fallot à partir de graines de moutarde brune et de vinaigre.
Juste derrière le Canada, la Russie et l'Ukraine sont les troisième et quatrième pays exportateurs. Mais le récent conflit a interrompu les exportations de graines de moutarde depuis l'Ukraine. Le pays aurait pu fournir les 32 000 tonnes de graines nécessaires à la production française, selon Le Point.
Les pots de moutarde ont récemment disparu de nos supermarchés. En cause, la guerre en Ukraine et la sécheresse au Canada, principaux pays producteurs. Pour pallier cette pénurie, des producteurs français relancent cette culture.
La moutarde Fallot est devenue la référence gastronomique des plus grands chefs français dont notamment le Relais Bernard Loiseau. Elle propose une gamme de moutarde traditionnelle (moutarde de Dijon, à l'ancienne) mais également aux saveurs très régionales (cassis, pain d'épices,...).
La Bourgogne produit tout de même 90 % de la moutarde condiment française, et 50 % de celle consommée en Europe. Mais, depuis les années cinquante, la majorité des graines utilisées pour la fabrication de la moutarde ne sont plus cultivées dans la région.
Une moutarde pas si populaire au-delà de nos frontières
Une large partie des espaces cultivés ont été ravagés et non renouvelés après cet épisode climatique. «Depuis cinq ans, nous enregistrons une baisse de la productivité de près de 50 %.
La guerre en Ukraine ainsi qu'une forte sécheresse au Canada ont eu raison des pots de moutarde, presque introuvables dans les supermarchés depuis six mois. La majorité des graines nécessaires pour confectionner ce condiment viennent de Russie, d'Ukraine ou principalement du Canada.
Détenue depuis 2000 par le groupe Unilever, l'usine va être transférée à Chevigny-Saint-Sauveur, à une dizaine de kilomètres de là. Mais, après pratiquement un siècle d'activité à Dijon, l'amertume est grande chez les salariés.
C'est au XVIII siècle, vers 1742, qu'un dijonnais Jean Naijeon remplaça, dans la composition de la moutarde, le vinaigre par du verjus provenant des vignes toutes proches. Cette recette fit la renommée de la Moutarde de Dijon.
La raison : le dérèglement climatique. Bien que réputée pour sa célèbre moutarde de Dijon, la France n'est pas le plus gros producteur de graines de moutarde brunes, ingrédient incontournable à la confection du condiment. Dans ce domaine, le Canada est le premier cultivateur et exportateur mondial.
Notamment parce qu'elle est cultivée dans plus de pays : Canada, mais aussi Allemagne, Autriche, Hongrie, Pologne, Russie, Ukraine… Il y a plus de sources d'approvisionnement. Ça explique pourquoi on trouve plus facilement de moutarde dans les autres pays ».
Facilite la digestion
La graine de moutarde blanche, cultivée près de Dijon, renferme des qualités gustatives insoupçonnées. L'ayurvéda assimile la graine de moutarde blanche comme un stimulant intestinal qui calme les gaz. De plus, la moutarde contient des antioxydants permettant de lutter contre la constipation.
La moutarde est une plante surtout utilisée comme engrais vert en France. Elle dynamise les sols. Depuis les années 1990, la graine de moutarde pousse à nouveau en Côte-d'Or et, plus récemment, dans d'autres départements de France. C'est le résultat d'une dynamique lancée par la moutarderie Fallot, à Beaune.
Les moutardiers de Dijon
À partir de 1390, la fabrication de la moutarde à Dijon devient réglementée. Deux siècles plus tard, en 1634, les vinaigriers et moutardiers se réunissent pour obtenir l'exclusivité de la fabrication et l'obligation d'apposer leur nom sur les « moutardiers ».
Paris, Saint-Maixent et Besançon sont alors reconnus comme centres de production. Au XVIIIe siècle, une famille dijonnaise (les Naigeon) donne à la moutarde de Dijon ses lettres de noblesse en la confectionnant non pas avec du vinaigre mais avec du verjus (jus de raisin vert). C'est là toute la spécificité du produit.
Brassica nigra, la moutarde noire ou sénevé, est une plante annuelle, appartenant à la famille des Brassicacées, au même titre que les choux, les radis ou les giroflées. Brassica nigra est d'origine européenne, sa distribution naturelle étant surtout en zone méditerranéenne.
Ils en tiennent pour preuve les linéaires remplis de pots de moutarde observés chez nos voisins : Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Irlande, Roumanie, Norvège...