En 1664, sous l'impulsion d'une frange des dévots, Louis XIV interdit la représentation de la nouvelle œuvre de Molière, Tartuffe. Dans cette pièce de théâtre, l'hypocrisie a un manteau ecclésiastique. Le dramaturge y met en scène un faux dévot manipulateur : de quoi choquer l'Église.
Le Tartuffe interdit par Louis XIV joué pour la première fois à la Maison de Molière. Pour le 400e anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, la Comédie-Française jouera le 15 janvier la version inédite de la pièce vue avec plaisir puis censurée par le Roi-Soleil, mise en scène par Ivo van Hove.
La pièce a fait scandale parce que, tout en prétendant viser les faux dévots, elle attaquait aussi les vrais dévots, ainsi que l'affirment ses adversaires.
Première représentation du « Tartuffe » de Molière à Versailles avant sa censure. Pliant devant le parti dévot, Louis XIV fait interdire la pièce, qui ne sera jouée en public que radicalement remaniée, cinq ans plus tard.
Madame Pernelle arrive et malgré les accusations de son fils refuse de croire à la fourberie de Tartuffe. Un huissier, M. Loyal, arrive et ordonne à Orgon et à sa famille de quitter les lieux avant demain sous peine d'expulsion. Madame Pernelle finit par reconnaître son erreur et son aveuglement.
Dans sa préface, Molière écrit que la pièce a un but moral : "Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts". Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d'être de faux dévots et des hypocrites.
LE TARTUFFE, MolièreFiche de lecture
Le roi hésita, mais plia devant un parti en déclin dont il attendait la disparition prochaine, comme celle de sa mère Anne d'Autriche (1666), qui le soutenait. La pièce fut donc interdite.
« Tartuffe » est une pièce de vers ou l'auteur attaque certains vices et les ridicules de sont temps. Tartuffe, dont le personnage éponyme est le faux dévot et l'hypocrite par excellence, montre plusieurs satires; celle des mœurs, celle de la société, et aussi celle qui nous est primordiale: celle de la religion.
Orgon est un bourgeois fortuné et charitable qui recueille Tartuffe, un soi-disant homme d'Église qu'il admire. Mais ce séducteur invétéré (Tartuffe a pour habitude de séduire, c'est une manière d'être) n'est qu'un imposteur qui n'en veut qu'à la fortune de son hôte, lequel se laisse piteusement tromper et abuser.
Tartuffe n'apparaît qu'à l'acte III, et Orgon à la scène 4 de l'acte I. Cela permet à Molière de peindre le couple Orgon / Tartuffe et la relation qui les unit, grâce aux répliques des autres personnages.
Chez Molière, l'hypocrisie est indissociable d'une certaine subversion de la confiance. Tartuffe, de toute évidence, n'a pas choisi Orgon par hasard. Il a compris qu'il obtiendrait facilement sa confiance, et même qu'avec lui il pourrait se permettre d'être plutôt approximatif dans son rôle.
Le stratagème
Pour démasquer le faux dévot, Elmire feint ainsi d'être libertine, démasquant le libertin qui se cache derrière le faux dévot. Ces stratagèmes donnent lieu à de savoureuses scènes de comédie dans la comédie.
C'est un homme cupide et jouisseur dominé par la sensualité. Il est capable de faire preuve d'un appétit pantagruélique ce qui est en totale contradiction avec ce qu'il prône. Sa concupiscence ne fait aucun doute car il désire ardemment posséder Elmire. C'est un escroc dont l'unique préoccupation est de s'enrichir.
(1609) Littré explique : « Molière, qui écrit Tartuffe , a emprunté ce mot à l'italien tartufo (« truffe, hypocrite ») [qui] se trouve dans le Malmantile de Lippi avec le sens d'homme à esprit méchant ; le Malmantile circulait manuscrit en France avant le Tartuffe [de Molière] » ; voir truffa (« escroquerie »).
La demoiselle de compagnie de Mariane. Elle n'aime pas Tartuffe car, convaincue de sa malhonnêteté, elle le considère comme un hypocrite. C'est un personnage très bavard à qui Orgon demande sans cesse qu'elle se taise.
Faux dévot,
personne qui affecte hypocritement une dévotion outrée.
Tartuffe, faux dévot chrétien, se réclamait de la même morale que ceux qu'il prenait de haut. Aujourd'hui, ceux qui pratiquent le signalement moral ne se font pas les champions d'une morale populaire ou universellement admise, mais très souvent cherchent à imposer de nouvelles normes.
Orgon apparaît comme un homme ridicule tout occupé à penser à Tartuffe. Le personnage de Dorine se montre très ironique. C'est une servante, mais elle n'hésite pas à se moquer de son maître (très souvent le cas dans les comédies de Molière). Dorine exagère la maladie d'Elmire : "souffrir la saignée".
FLIPOTE, servante de Madame Pernelle. La scène est à Paris, dans la maison d'Orgon.
On l'attaquerait sur sa vie privée, comme on l'a fait à l'époque en l'accusant d'inceste, puisqu'il avait épousé la fille de sa première maîtresse, Madeleine Béjart, pourtant issue d'un premier lit. Ils vivaient d'ailleurs tous les trois ensemble, aux yeux de tous.
D'un point de vue dramaturgique, Tartuffe est une pièce composite qui réécrit des schèmes propres à la farce, à la comédie à l'italienne, mais également à la tragédie.
La comédie "Le Misanthrope" est jouée en juin 1666, au Théâtre du Palais-Royal. Alceste, le personnage principal, hait l'humanité où l'hypocrisie et la couardise règnent en maître. Pourtant, il s'éprend de Célimène, coquette et médisante. Molière dénonce les mœurs de la cour qui frôlent le parodique.
La fureur des dévots est à son comble ; Molière est accusé d'athéisme militant, ce qui est plus grave encore que le libertinage.
Tousser relève d'une stratégie pour alerter son mari. Alors que Tartuffe pense qu'elle parle d'un rhume, Elmire tente de faire appel aux sentiments de son mari en évoquant sa détresse: « Je suis au supplice ».
Le stratagème est un motif récurrent, il est l'un des rouages essentiels de la mécanique de la comédie et assure incontestable- ment à l'intrigue une progression dramatique. Les comédies de Molière exploitent à loisir ce dispositif : les personnages rusés et audacieux y foisonnent et rivalisent d'ingé- niosité.