Détenue depuis 2000 par le groupe Unilever, l'usine va être transférée à Chevigny-Saint-Sauveur, à une dizaine de kilomètres de là. Mais, après pratiquement un siècle d'activité à Dijon, l'amertume est grande chez les salariés.
Bien française, cette marque de moutarde et de vinaigre a été pourtant été rachetée en 1999 par Unilever, le géant anglo-hollandais. Même si les graines de moutarde proviennent essentiellement du Canada, toute la production est restée en France, près de Dijon.
Pourtant, même si (une partie) des usines sont toujours en France, Amora, qui appartient au géant Unilever, est loin de pouvoir se vanter de vendre des aliments si français.
Ralentissement de la production canadienne
Cette pénurie n'est pas uniquement liée à la guerre en Ukraine. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pays de la moutarde de Dijon n'est pas un grand producteur de graines de moutarde. La France est donc obligée de s'approvisionner à l'étranger.
Les industries agroalimentaires, Amora en tête, continuent à fabriquer de la moutarde à Dijon, mais à partir de graines importées du Canada ! À la fin des années 80, Amora-Maille et Fallot, une moutarderie familiale installée à Beaune depuis 1840, décident de relancer la production de graines de moutarde en Bourgogne.
Maille, dans un cahier aux armes du roi… Aujourd'hui présente dans soixante-dix pays à travers le monde, la moutarde est intégralement fabriquée à 10 kilomètres de Dijon, à Chevigny- Saint-Sauveur (Côted'Or), la première usine de fabrication condimentaire en Europe.
Maille est une marque de condiments de la société Amora-Maille, filiale du groupe Unilever.
Après la pénurie de moutarde, d'autres produits pourraient prochainement manquer dans les rayons, explique BFM TV lundi 22 août 2022. Parmi eux, les huiles, les féculents, les farines, les pâtes et le riz.
En cause : une grande sécheresse qui a touché le Canada, second producteur mondial de graines de moutarde. D'ordinaire, ce pays nous fournit 80% de nos graines de moutarde comme le rappelle Radio-Canada.
La Savora est une marque de condiment inventée en Angleterre en 1899, dont la texture est proche de la moutarde.
La production de la moutarde et de la mayonnaise restent à Dijon, non plus dans l'usine du centre-ville, mais à Chevigny-Saint-Sauveur, à 10 kilomètres, où nous fabriquons d'ailleurs depuis longtemps une partie de nos volumes de moutarde.
Conflit en Ukraine
Mais le récent conflit a interrompu les exportations de graines de moutarde depuis l'Ukraine. Le pays aurait pu fournir les 32 000 tonnes de graines nécessaires à la production française, selon Le Point. La guerre a également bloqué l'accès aux grains de la Russie, frappée par un embargo.
La moutarde de Dijon est une moutarde française originaire de la ville de Dijon.
L'approvisionnement en berne
Ce sont les fabricants de moutarde qui paient le prix fort. Reine de Dijon, troisième industriel français de moutarde – après Amora-Maille, qui domine le marché – a ainsi vu sa production diminuer de plus de 20 % en un an, en raison des difficultés d'approvisionnement.
Depuis plusieurs semaines, la France est en proie à une pénurie de moutarde. Une situation exceptionnelle qui s'explique par plusieurs facteurs dont la guerre en Ukraine et la sécheresse au Canada. Les stocks ne devraient revenir dans les rayons que dans les prochains mois voire en 2023.
Brassica nigra, la moutarde noire ou sénevé, est une plante annuelle, appartenant à la famille des Brassicacées, au même titre que les choux, les radis ou les giroflées. Brassica nigra est d'origine européenne, sa distribution naturelle étant surtout en zone méditerranéenne.
L'origine de la moutarde
Les Egyptiens, les Grecs et les Romains l'utilisaient déjà pour rehausser les plats de viandes et de poissons. Ils broyaient la graine et la mélangeaient aux aliments. Ce sont vraisemblablement les romains qui importèrent vers la Gaule, l'usage de la moutarde de table.
À la liste, nous pouvons également ajouter la volaille, à cause de la grippe aviaire qui a frappé la France et l'Europe depuis le début de l'année ainsi que les frites et les chips, conséquence directe de la pénurie d'huile de tournesol, qui sont eux aussi touchés par la pénurie.
En 1919, Armand Bizouard, descendant d'une lignée de fabricants de moutarde depuis François Naigeon, reçu maître-vinaigrier en 1703, dépose la marque Amora au greffe du tribunal de commerce de Dijon. Mais il ne l'utilise pas et cède sa société à Raymond Sachot en 1931.
Malgré cette liberté, la Bourgogne produit tout de même 90% de la moutarde française, et 50% de celle consommée en Europe. Pourtant, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la majorité des graines utilisées pour la fabrication de la moutarde ne sont plus cultivées dans la région.
Paris, Saint-Maixent et Besançon sont alors reconnus comme centres de production. Au XVIIIe siècle, une famille dijonnaise (les Naigeon) donne à la moutarde de Dijon ses lettres de noblesse en la confectionnant non pas avec du vinaigre mais avec du verjus (jus de raisin vert).