Le Tartuffe interdit par Louis XIV joué pour la première fois à la Maison de Molière. Pour le 400e anniversaire de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, la Comédie-Française jouera le 15 janvier la version inédite de la pièce vue avec plaisir puis censurée par le Roi-Soleil, mise en scène par Ivo van Hove.
L'interdiction de la pièce était sans doute dictée par des considérations de politique religieuse, en particulier par la nécessité de ne pas affaiblir l'Église catholique dans un temps où la dissidence janséniste faisait peser sur elle la menace d'un schisme.
Le sujet du premier Tartuffe avait un dénouement qui ne pouvait pas être celui du Tartuffe de 1669. Au départ, un gros homme dévot profite de l'ascendant qu'il exerce sur un homme pour s'opposer au mariage de son fils et pour séduire sa femme. Mais grâce à l'habileté de cette femme, il est démasqué.
À travers le personnage de Tartuffe, Molière dénonce l'hypocrisie de ceux qui se présentent comme des modèles de piété et notamment les directeurs de conscience qui s'introduisent dans les familles et en abusent.
En ce 5 août 1667, c'est la plus inattendue des surprises. Molière donne son "Tartuffe" devant une salle comble au Palais-Royal. Oui, dans son théâtre du Palais-Royal et pourtant la pièce est encore interdite.
La comédie traite sur le ton de la satire d'un sujet sensible : la fausse dévotion. La Cour la trouve « fort divertissante », mais le roi, dans « son extrême délicatesse pour les choses de la religion », décide d'en interdire les représentations publiques.
Tartuffe ou l'hypocrite (tel est le titre original) est joué pour la première fois devant le roi, à Versailles, le 12 mai 1664. C'est une petite pièce constituée de trois actes et dont le texte complet n'est pas parvenu jusqu'à nous.
Orgon est un bourgeois fortuné et charitable qui recueille Tartuffe, un soi-disant homme d'Église qu'il admire. Mais ce séducteur invétéré (Tartuffe a pour habitude de séduire, c'est une manière d'être) n'est qu'un imposteur qui n'en veut qu'à la fortune de son hôte, lequel se laisse piteusement tromper et abuser.
Tartuffe symbolise l'hypocrisie religieuse qui sert de masque pour toutes sortes de turpitudes : il s'introduit dans la maison d'un riche bourgeois, Orgon qui, subjugué par la foi affichée du personnage, le recueille, l'héberge, lui accorde toute sa confiance...
Tartuffe réussit à le manipuler en singeant la dévotion et a réussi à devenir son directeur de conscience. Cet aventurier se voit proposer la fille de son bienfaiteur en mariage, en même temps qu'il tente de séduire Elmire, beaucoup plus jeune que son mari.
Et là, coup de théâtre : c'est Tartuffe qui se fait arrêter, car le roi avait compris la manœuvre. On apprend que Tartuffe avait déjà été connu pour d'anciennes escroqueries. Pour remercier Orgon, le roi lui rend tout ses biens, et pardonne à Argas d'avoir soutenu la Fronde. Mariane et Valère se marient donc.
Première représentation du « Tartuffe » de Molière à Versailles avant sa censure. Pliant devant le parti dévot, Louis XIV fait interdire la pièce, qui ne sera jouée en public que radicalement remaniée, cinq ans plus tard.
Une autre œuvre de Molière, Dom Juan, est toujours affectée par la censure du 17ème siècle à ce jour. Dom Juan a été rapidement écrite par Molière après l'épreuve de censure avec Tartuffe, et c'était censé être une pièce satirique sur l'hypocrisie parmi la noblesse en France.
Tartuffe, faux dévot chrétien, se réclamait de la même morale que ceux qu'il prenait de haut. Aujourd'hui, ceux qui pratiquent le signalement moral ne se font pas les champions d'une morale populaire ou universellement admise, mais très souvent cherchent à imposer de nouvelles normes.
La critique de la société d'ordres
À l'époque de Molière, la société est divisée en classes sociales. Si Jourdain fait rire, Molière dénonce tout de même le système de classes qui existe à la cour de France. Il insiste sur l'injustice que cela crée.
D'interdiction en interdiction, de placet au roi en placet au roi, Molière met cinq ans à obtenir l'autorisation de jouer Tartuffe, mais il ne parvient pas à éviter la rancune du clergé.
Malgré son succès auprès du roi, Molière est rapidement accusé d'impiété par les dévots de la Compagnie du Saint-Sacrement. Il modifie le titre de la pièce et remanie le texte pour contourner la censure.
En Chine, la première loi sur la censure fut instaurée en l'an 300. Le plus célèbre cas de censure antique est celui de Socrate, condamné à boire la ciguë pour avoir « incité les jeunes à la débauche ».
Le 25 juillet 1830 , le roi Charles X promulgue les Ordonnances de Juillet (ou Ordonnances de Saint-Cloud). La première ordonnance rétablit la censure et l'autorisation préalable de publication.
Éclairage. Molière et sa troupe ont dû supprimer cette scène dès la deuxième représentation, en raison de son caractère trop provocateur. Dans la première édition du texte, en 1682 (après la mort de Molière), seules les trois premières répliques apparaissent : tout le reste est censuré.
Orgon apparaît comme un homme ridicule tout occupé à penser à Tartuffe. Le personnage de Dorine se montre très ironique. C'est une servante, mais elle n'hésite pas à se moquer de son maître (très souvent le cas dans les comédies de Molière). Dorine exagère la maladie d'Elmire : "souffrir la saignée".
La querelle du Tartuffe
Dans sa préface, Molière écrit que la pièce a un but moral : "Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts". Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d'être de faux dévots et des hypocrites.
Tartuffe (ou Tartufe), est l'emploi comme nom commun (1669) de Tartuffe, nom du personnage éponyme de la célèbre comédie de Molière (1664). L'auteur emprunte ce nom à la Comédie italienne, où un personnage a le surnom de Tartuffo, proprement « truffe » (XVIe siècle).
Le dramaturge a recours aux caractéristiques emblématiques de ce type de comédie classique: le comique de mots, le comique de geste et le comique de caractère. Ainsi, Molière peut-il dénoncer l'attitude des faux dévots qui entourent le roi mais sur le ton de l'humour.
Faux dévot,
personne qui affecte hypocritement une dévotion outrée.