La « moutarde de Dijon » est devenue une recette plus qu'un produit lié à une production et à un terroir. 90% de la production consommée en France reste toutefois produite autour de Dijon en Bourgogne, ainsi que 50% de la consommation Européenne.
Les moutardiers de Dijon
Deux siècles plus tard, en 1634, les vinaigriers et moutardiers se réunissent pour obtenir l'exclusivité de la fabrication et l'obligation d'apposer leur nom sur les « moutardiers ». En 1870, la ville de Dijon compte une quarantaine de fabricants de moutarde.
Maille, dans un cahier aux armes du roi… Aujourd'hui présente dans soixante-dix pays à travers le monde, la moutarde est intégralement fabriquée à 10 kilomètres de Dijon, à Chevigny- Saint-Sauveur (Côted'Or), la première usine de fabrication condimentaire en Europe.
En cause : une grande sécheresse qui a touché le Canada, second producteur mondial de graines de moutarde. D'ordinaire, ce pays nous fournit 80% de nos graines de moutarde comme le rappelle Radio-Canada.
La moutarde de Dijon est une moutarde forte à la renommée internationale. Elle est fabriquée comme autrefois à la meule de pierre par la Moutarderie Fallot à partir de graines de moutarde brune et de vinaigre.
La moutarde est une plante surtout utilisée comme engrais vert en France. Elle dynamise les sols. Depuis les années 1990, la graine de moutarde pousse à nouveau en Côte-d'Or et, plus récemment, dans d'autres départements de France. C'est le résultat d'une dynamique lancée par la moutarderie Fallot, à Beaune.
La maison Edmond Fallot, installée dans les faubourgs de Beaune depuis 1840, ouvre ses portes au public toute l'année. Le maître des lieux ne se nomme pas Willy Wonka mais Marc Désarménien, à la tête de l'entreprise bourguignonne depuis 1994.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pays de la moutarde de Dijon n'est pas un grand producteur de graines de moutarde. La France est donc obligée de s'approvisionner à l'étranger. Environ 80% des 35.000 tonnes de graines nécessaires sont importées du Canada.
Selon le baromètre de NielsenIQ, il manquait 5,7 % de produits en grande surface en août 2022. Si les pénuries de moutarde et d'huiles sont en train de se résorber, d'autres produits, comme les pommes de terre, le miel ou le lait, pourraient à leur tour manquer et voir leurs prix augmenter.
Chevigny-Saint-Sauveur, à 9 km de Dijon, deviendra "le plus grand centre européen de fabrication de condiments", selon une porte-parole de la direction qui a ajouté que "la moutarde Amora restera dijonnaise".
80% des graines de moutarde proviennent du Canada, victime de sécheresse. Puisque la denrée est en rupture de stock dans certains supermarchés, certains pensent que la provenance vient d'Ukraine, pays en guerre en ce printemps 2022.
En effet, la « moutarde de Dijon » ne bénéficie pas d'une appellation d'origine protégée (AOP) ou indication géographique protégée (IGP). Il suffit au fabricant de respecter une composition inscrite un cahier des charges pour que, où qu'elle soit produite dans le monde, une moutarde puisse se prétendre « de Dijon ».
La Moutarde de Dijon
Région calcaire très boisée, ancienne terre de charbonniers, le sol est propice à la culture de graines particulièrement fortes et piquantes.
Cependant, est-elle toujours faite à Dijon, comme son nom l'indique ? Et pourtant la moutarde de Dijon n'a plus grand chose de dijonnais. Dans la région, seul 5.000 hectares y sont consacrés. Les graines qui servent à son élaboration viennent le plus souvent du Canada.
Parmi eux, les huiles, les féculents, les farines, les pâtes et le riz. Autant de produits déjà sous tension et qui feraient actuellement l'objet d'achats de précaution de la part de nombreux ménages, faisant planer le risque d'une rupture des stocks.
La pénurie de moutarde dans les rayons va durer jusqu'en 2024 selon le PDG de Reine de Dijon. On n'a jamais autant parlé de moutarde de Dijon que depuis cet été 2022.
La « moutarde de Dijon » est devenue une recette plus qu'un produit lié à une production et à un terroir. 90% de la production consommée en France reste toutefois produite autour de Dijon en Bourgogne, ainsi que 50% de la consommation Européenne.
La sécheresse au Canada, la période de gel en France et la guerre en Ukraine… Toutes ces crises sont à l'origine des étagères vides des supermarchés, notamment au rayon moutarde où la pénurie est flagrante. Mais la cause principale de cette crise reste le réchauffement climatique.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pays de la moutarde de Dijon n'est pas un grand producteur de graines de moutarde. La France est donc obligée de s'approvisionner à l'étranger. Environ 80% des 35.000 tonnes de graines nécessaires sont importées du Canada.
Paris, Saint-Maixent et Besançon sont alors reconnus comme centres de production. Au XVIIIe siècle, une famille dijonnaise (les Naigeon) donne à la moutarde de Dijon ses lettres de noblesse en la confectionnant non pas avec du vinaigre mais avec du verjus (jus de raisin vert). C'est là toute la spécificité du produit.
C'est au XVIII siècle, vers 1742, qu'un dijonnais Jean Naijeon remplaça, dans la composition de la moutarde, le vinaigre par du verjus provenant des vignes toutes proches. Cette recette fit la renommée de la Moutarde de Dijon.
Majoritairement fabriquée à partie de graines importées, la moutarde de Dijon n'aurait pourtant aujourd'hui de dijonnais que son nom. La particularité de la moutarde de Dijon, c'est aussi sa texture lisse. Une moutarde à grains n'est pas une moutarde de Dijon, c'est une moutarde à l'ancienne. - Pierre-Yves Thienpont.