« Vu que le changement climatique perturbe les températures de l'eau et les directions des courants, le béluga s'est perdu », détaille Élodie Lafitte. C'est de cette manière qu'il serait rentré dans l'estuaire parce « qu'il n'aurait plus trouvé les courants ou les zones d'eau actuelles dans lesquelles il nage. »
Perturbations humaines, conditions environnementales hostiles… Plusieurs raisons pourraient être à l'origine de ces cas d'errance. Une orque en mai, un rorqual fin juin, un béluga en juillet… La Seine a accueilli d'étonnants visiteurs ces derniers mois.
Il s'agit d'« une espèce protégée de cétacé vivant habituellement dans les eaux arctiques, subarctiques et dans l'estuaire du Saint-Laurent au Québec », précise la préfecture dans un communiqué.
Pollution sonore, la piste privilégiée.
Un estuaire est la portion aval d'un fleuve sous l'influence de la marée. Pour la Seine, l'estuaire correspond aux 170 derniers kilomètres du fleuve, avant qu'il se jette dans la Manche.
Selon les experts de l'association, apercevoir un cétacé nageant au large des côtes de la Manche ou dans la Seine, n'est pas un phénomène fréquent. Par ailleurs, les orques se déplacent le plus souvent en groupe; il est assez rare de voir un membre de cette espèce en solitaire.
Par contre, ces baleines s'habituent à la présence humaine et perdent leur méfiance; sans être agressives, elles peuvent alors avoir des comportements dangereux, pour elles comme pour les humains.
Les principaux prédateurs des bélugas sont l'ours blanc et les orques. Mais l'homme aussi chasse ce mammifère qui a été le premier cétacé à avoir été mis en captivité. La peau du béluga est prisée pour son cuir.
Les bélugas sont de taille forte, ont un cou non soudé et une petite tête qui est disproportionnée avec le reste de son corps. Ils ont la peau épaisse, des nageoires en forme de large pagaie et des dents bien acérées. Contrairement aux autres baleines, les bélugas n'ont pas de nageoire dorsale.
L'orque disparue de la Seine arrive au Muséum nationale d'Histoire naturelle. Le squelette de l'orque, qui s'est perdue dans la Seine entre Rouen et Le Havre et est décédée le 30 juin, va rejoindre les collections du Muséum national d'Histoire naturelle.
Le béluga a été localisé « à plus d'une trentaine de kilomètres de sa localisation de [mercredi], à proximité d'une écluse », a précisé la préfecture dans un communiqué. L'animal marin se trouve « aux environs de Vernon », au nord-ouest de la capitale.
Pollution sonore
Une hypothèse est que certains bruits propagés sous l'eau peuvent désorienter les cétacés ou interagir négativement avec leur système d'écholocation, et que des bruits violents peuvent les rendre plus ou moins sourds (exercices militaires, explosions utilisés pour les sondages, certains sonars).
Dans la première année de vie, les bélugas sont des veaux. On appelle «bleuvet» les jeunes d'un à deux ans, en référence à leur coloration gris bleuté. Les juvéniles plus âgés sont appelés «gris», jusqu'à ce que leur peau devienne complètement blanche vers 12 à 16 ans.
Le cétacé pourrait aussi être un "pionnier", poussé au voyage soit par envie de découvrir un nouveau territoire, "comme un humain", ou encore "poussé par la faim", avance la scientifique.
Les bélugas (Delphinapterus leucas) sont des mammifères extrêmement sociables qui vivent, chassent et migrent en groupes allant de quelques baleines à des centaines d'individus.
L'ours polaire est un prédateur pour les espèces arctiques comme le béluga et le narval. Pour les bélugas, l'ours profite du moment où ils viennent respirer à la surface par un trou dans la glace pour les assommer d'un coup de patte et les hisser sur la banquise.
Une espèce de poisson de la famille des esturgeons est également appelée béluga. Ce poisson en danger d'extinction est célèbre pour son caviar.
Le moustique : incontestablement le plus dangereux
Le moustique est véritablement l'ennemi numéro 1 de l'homme car il tue à lui seul près de 750 000 personnes dans le monde chaque année. Ce n'est pas tant l'animal en soi qui tue que les virus qu'il transmet en piquant ses victimes.
Un superprédateur
Si les orques sont aussi surnommées baleines tueuses, ce n'est pas pour rien.
Un béluga mâle s'est retrouvé piégé dans la Seine, début août 2022. Plusieurs équipes ont travaillé de concert pour le retrouver et l'en sortir, afin qu'il puisse regagner la mer.
Quelques fois, des orques sont observées dans le Golfe de Gascogne, principalement au large de Capbreton, comme en octobre 2019 et en juillet 2020, mais aussi jusqu'en Charente-Maritime en 2021.
L'une d'entre elles est surprenante : les scientifiques émettent l'hypothèse que les orques aiment la pression de l'eau produite par l'hélice d'un bateau. «Nous pensons qu'ils adorent sentir les remous provoqués par l'hélice dans le museau» détaille Renaud de Stephanis.
Dans un monde totalement protégé, Turritopsis Nutricula pourrait donc se régénérer indéfiniment et être l'animal qui vit le plus longtemps. Mais les mers ne sont pas sans danger pour autant. Car si elle peut inverser son processus de vieillissement, elle n'en reste pas moins mortelle, face aux prédateurs.