Journaliste engagé, Albert Camus se joue de la censure tout au long de sa carrière et utilise bien souvent ses colonnes pour tenir des tribunes sur des sujets qui lui importent politiquement. Engagé pendant tout le processus de décolonisation de l'Algérie, il appelle à la trêve civile et à l'apaisement des tensions.
Le rôle de l'écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent. Ou sinon, le voici seul et privé de son art.
Il est notamment connu pour ses idées humanistes fondées sur la prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine et ses prises de positions politiques. Durant la Seconde Guerre mondiale, Albert Camus est un journaliste engagé dans la Résistance.
Philosophe de l'absurde
Les romans, les essais et les pièces de théâtre de Camus sont marqués par sa réflexion philosophique et politique. L'Étranger (1942), l'un de ses premiers ouvrages, se caractérise par un style extrêmement neutre – une écriture « blanche » – et méthodiquement descriptif.
Sa pensée philosophique s'articule autour d'une idée simple : l'existence humaine est marquée par l'absurde. Ce terme renvoie à ce sentiment de lassitude, voire d'écœurement, éprouvé par l'homme qui prend conscience que sa vie tourne autour d'actes répétitifs, privés de sens, et se dirige irrémédiablement vers la mort.
"L'Étranger" raconte la méchanceté du quotidien, l'ambivalence du soleil, la tendre indifférence du monde et la folie des hommes, sacrifiant sur l'étal de leurs certitudes celui qui, parce qu'il ne sait pas mentir ni pleurer, ne leur ressemble pas.
Mouvement. Cette œuvre s'inscrit dans le mouvement littéraire de l'absurde. Albert Camus a inventé une notion qu'il appelle philosophie de l'absurde.
Qu'est-ce que l'absurde selon Camus ? Lorsque Camus parle de l'absurde, il fait référence à l'absurdité de la condition humaine. Selon Camus, l'homme cherche toujours un sens au monde, un sens à son existence sur terre, un sens à ses actions. Or le monde dans lequel nous vivons n'a pas de sens.
Être engagé pour un écrivain signifie qu'il définit sa position sur un sujet et la défend. Il se positionne par rapport à un contexte politique, religieux ou social. Il peut se donner comme rôle de guider ses lecteurs vers un engagement similaire au sien, vers le bonheur (rôle de prophète).
S'il faut lire camus dans l'ordre de ses romans et essais, c'est que ses romans suivent le cheminement de la vie de l'auteur. Notamment dans sa recherche philosophique. C'est comme dans les époques de Picasso qui avaient plusieurs inspirations et périodes bleues, roses dans le domaine pictural.
B – La littérature permet en revanche d'immortaliser ce qu'elle dénonce grâce aux sentiments intemporels qu'elle transmet au lecteur. On étudie encore les Fables de la Fontaine, on lit encore Candide de Voltaire.
Poussé par ses pairs, Camus a en effet puisé son inspiration au sein de ses fréquentations du monde littéraire ; on connaît l'influence de l'existentialisme de Sartre sur sa philosophie. Son oeuvre est également fortement liée aux événements politiques ayant jalonné sa vie, entre l'Algérie et la France.
Le premier roman d'Albert Camus met en scène Meursault, un condamné à mort. Sur une plage, il a tué une personne « parce qu'il faisait chaud ».
L'Étranger est un roman écrit par Albert Camus et publié en 1942. Partie prenante du cycle de l'absurde de l'auteur, ce roman retrace en conséquence l'histoire d'un homme ordinaire soumis à l'absurdité de l'existence et de la condition humaine.
En philosophie et en littérature, l'absurde se traduit par une idée ou un concept dont l'existence paraît injustifiée. Il résulte donc de la contradiction d'un système par le fait.
Selon l'accusation, en effet, Meursault a bien tué l'Arabe de façon préméditée, justement parce qu'il a pu tuer symboliquement sa mère.
Pour moi, Camus n'est pas à mettre dans l'existentialisme. L'existentialisme, c'est, schématiquement, l'idée que l'on n'existe que par ses actes. L'absurde, c'est le sentiment, l'intime conviction que la vie n'a pas de sens. L'existentialisme, lui, cherche bien un sens à la vie...
Comme toute autre œuvre littéraire de ce cycle camusien, l'Etranger a pour but d'inciter une réflexion profonde sur l'absurde fondamental de la condition humaine qu'il faut analyser ; afin de pouvoir le dépasser et évoluer vers une révolte positive qui débouche sur un potentiel d'humanisme.
Le narrateur ne définit pas son étrangeté. Le lecteur est amené à en donner une acception morale et sociale, non ethnologique ou politique. Meursault est étranger, il n'est pas un étranger ; il est marginal plus qu'asocial. Sa différence naît de son indifférence aux normes, auxquelles pourtant il se plie.
Le comportement „faux“ de Meursault (et par conséquent son „crime“), c`est qu`il ne voulait pas feindre ses sentiments, qu`il ne voulait pas mentir. Ainsi, il refuse à „jouer le jeu“. > Le „jeu“, c`est donc notre vie sociale, et „jouer le jeu“, cela signifie de suivre les règles de la société.
", on est plongé dans l'esprit de cet homme, Meursault, qui " passe son existence " comme s'il était un voyageur dans son propre corps. Toute sa vie, ou bien la vie que les autres lui font vivre, sera mise dans les mains de quelqu'un d'autre.
Ainsi la deuxième partie révèle-t-elle le sens du livre : Meursault est donc bien cet « étranger » aux autres qui remet en question notre façon d'être, de sentir ou de penser et dont l'existence même est intolérable parce qu'elle nous rappelle que tout est vanité.