Nietzsche ne reproche pas à Kant de prétendre connaître la chose en soi (il sait que ce n'est pas le cas), mais il critique le fait que Kant a distingué phénomène et chose en soi ainsi que le terme même de « phénomène », parce que ce terme présuppose l'existence d'un en soi.
Selon Nietzsche, Kant ne serait qu'un fonctionnaire du savoir; celui qui se limite à fonder des valeurs déjà établies ne serait qu'un "ouvrier philosophique." Pourtant, Nietzsche et Kant se mettent d'accord, quand ils attribuent un rôle privilégié à la critique, mais bien vite reapparaîssent les divergences entre eux.
Nietzsche va plus loin, et s'oppose même au dualisme classique que l'on effectue entre âme et corps : l'être n'est que corps puisque l'être n'est que instinct.
Selon Nietzsche, ce qui est en vérité n'est plus l'être permanent; la réalité au sens propre c'est au contraire le devenir, qui est le trait fondamental de la vie. Avec ce renversement, Nietzsche se situe dans une opposition à l'ensemble de la métaphysique. C'est pourquoi il lui est essentiel de s'expliquer avec elle.
La philosophie kantienne devient ainsi également critique au sens ordinaire du terme : elle dénonce les illusions produites par la raison, lorsque celle-ci outrepasse ses limites et engendre, par son usage abusif, un savoir apparent.
[Kant et ses trois Critiques : raison pure, raison pratique, faculté de juger] Il faut prendre ici au sérieux ce terme de cheminement.
Le critère de Kant. La critique de la raison pure est une critique de la connaissance traditionnelle de l'âme, du monde et de Dieu, au sens « radical » où elle examine la source de cette connaissance, la faculté de la raison pure. Elle est une réflexion examinatrice sur le pouvoir de penser métaphysique.
Pour Nietzsche, l'homme invente une telle "vérité" car il est incapable d'assumer les contradictions du monde dans lequel il vit : il se console alors dans l'idée d'un monde éternel et identique, le même que celui du christianisme « platonisme à l'usage du peuple ».
Il affirme que le monde juste est totalement absent de notre société et que, de ce fait, l'existence n'a aucun sens. Il conduit alors les faibles à renier la vie ; le nihilisme actif est plutôt considéré comme un nihilisme "des forts". Il consiste à abandonner certaines valeurs pour en adopter de nouvelles.
Type humain supérieur, le surhomme doit redonner sens à l'histoire en faisant valoir son autonomie pleine et entière et sa volonté de puissance, c'est-à-dire de création, dans l'immanence la plus complète.
Selon Nietzsche, la morale, la religion catholique et les valeurs occidentales sont issues d'une inversion des valeurs qu'il est nécessaire de renverser. Pour lui, le christianisme et la morale de bien et de mal qui lui est associée condamne toute forme de vie et d'épanouissement menant au Surhomme.
En effet, Nietzsche isole la personnalité de Socrate, qu'il circonscrit à partir des notions d'instinct, de pulsion et d'affect, de sa doctrine, qu'il appelle le socratisme et qu'il définit à partir de l'équation socratique raison = vertu = bonheur.
Les plus faibles, indique Nietzsche, sont plus intelligents, plus subtils, plus aptes à s'organiser, et par-dessus tout, ils savent mener une guerre de l'esprit : « L'histoire humaine serait une affaire vraiment trop stupide sans l'esprit que lui ont insufflé les hommes dénués de puissance. » (La Généalogie de la ...
Kant nous dit que « la législation universelle de la conduite, c'est la volonté de l'être raisonnable qui doit en être la législatrice ». Autrement dit, cela signifie que l'homme, en tant qu'être raisonnable, se donne à lui-même sa propre loi, bien que celle-ci ait valeur universelle.
La morale de Kant est donc résolument rationnelle : « Le devoir, écrit-il, est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi. » (ibid., p. 26) Seul un être raisonnable en effet peut agir en faisant abstraction de ses inclinations, voire en les contredisant.
Nietzsche définit sa philosophie comme un « platonisme inversé ». Tout en lui s'oppose aux entités métaphysiques platoniciennes, valorisées au détriment de la vie. Mais il partage avec Platon l'ambition politique d'ériger de nouvelles valeurs et de forger un homme nouveau.
La philosophie de Nietzsche n'est donc pas un nihilisme qui se ferait pessimisme. Elle est au contraire une véritable philosophie du bonheur, bonheur qui ne s'atteint que par un rejet du monde, c'est-à-dire par le nihilisme actif.
La vie est naturellement faite d'ombre et de lumière.
C'est, selon Nietzsche, grâce à cet équilibre des choses, par-delà le bien et le mal - pour reprendre l'un de ses plus célèbres ouvrages - entre nos faiblesses et la faculté de pouvoir aller de l'avant que l'on va pouvoir affirmer notre force vitale.
Dans le Crépuscule des idoles, il déclare ainsi : « La valeur de la vie ne saurait être évaluée. Pas par un vivant, car il est partie, et même objet de litige ; pas davantage par un mort, pour une tout autre raison ». Pour Nietzsche, la vie n'est digne d'être vécue seulement si nous avons des buts à atteindre.
En effet, pour lui, la morale n'est pas d'abord et avant tout un édifice à détruire mais un problème voire le problème par excellence, au rebours de la tradition philosophique pour laquelle l'existence de problèmes moraux ne laissait en rien présager du caractère problématique de la morale.
Le Zarathoustra de Nietzsche enseigne une contre-morale par laquelle l'homme doit se libérer de ses erreurs.
Kant prend la défense de la raison et de la pensée comme principes de l'action humaine. Il aborde ainsi différentes thématiques : la liberté, le bonheur, la justice, le droit, l'idée républicaine. La première partie traite de la morale. La seule action moralement bonne l'est dans sa forme.
La Critique de la Raison pure est l'ouvrage fondamental de Kant, publié en 1781, dans lequel il analyse les différentes facultés de l'esprit, afin d'établir que notre connaissance ne saurait dépasser les limites de l'expérience.
Si la raison désigne en nous l'élan qui nous porte au-delà du donné, au-delà des faits, vers les questions qui touchent au sens des choses et de notre condition, elle est donc apte à enfourcher des chimères mais aussi à se discipliner elle même.
Kant (1724-1804) : un philosophe et une œuvre. Le philosophe ne doit pas se déterminer par rapport à Dieu mais par rapport à l'homme. Ce n'est pas la foi mais la raison qui peut procurer à l'homme la liberté. La morale doit donc se libérer de toute référence (comme les Eglises) extérieures à la raison humaine.