Guicheteau Marcel. L'art et l'illusion chez Platon. In: Revue Philosophique de Louvain.
PLATON, La République, Livre X : l'art n'est qu'imitation et illusion. La poésie, génératrice d'illusion, est bannie de la cité idéale chez Platon. Dans un extrait, le philosophe grec prend l'image des trois lits : son essence, celui du menuisier (matériel) et celui du peintre (idéal).
On peut dire que cet art (propre au peintre, poète et sophiste selon Platon) est un art de l'illusion et de la tromperie qui produit une phantasma détachée totalement de la réalité mais qui, se donnant comme identique à l'apparence de l'objet, peut de ce fait abuser l'esprit.
L'art nous détourne de la vérité.
Mieux, l'art nous détourne de la réalité, donc de la vérité. L'art figuratif ou représentatif utilise des images et des évocations, il imite la réalité mais ne la respecte pas. Il peut même nous induire en erreur en nous faisant prendre l'illusion pour le réel.
Le rôle de l'art n'est pas d'« imiter le réel mais de le rendre visible ». L'art sert donc d'épiphanie à celui qui en jouit, c'est-à-dire qu'il dévoile des aspects insoupçonnés voire métaphysiques du réel en nous en détachant grâce à la subjectivité créative de l'artiste.
Pour le philosophe allemand, l'objet d'art n'est esthétique que s'il est transfiguré et reconnu comme tel par l'esprit.
Albert Camus se définissait comme artiste, plus que comme écrivain. Même s'il a exercé avec talent bien d'autres « métiers », c'est dans la création – qui passe pour lui par l'édification d'un langage – qu'il tente de faire son « métier d'homme » de la manière la plus accomplie.
Il y a pour Platon un art producteur souverainement intelligent qui informe le monde, une activité divine qui finalise la réalité en vue du meilleur. C'est cet art-là que doit imiter l'artiste humain : un art qui, par la beauté de ses œuvres, laisse entrevoir la bonté de celui qui le pratique.
L'art n'est pas illusion, puisqu'il exprime ce qu'il y a de plus vrai; mais sa forme d'expression est imparfaite. Son but n'est pas d'imiter la nature. Ce qu'il représente par du sensible est spirituel: il satisfait un besoin de l'esprit, non un désir des sens.
En effet, une nouvelle méthode, le biomimétisme (bio: vie; mimétisme: imitation), consiste à imiter sciemment les solutions qu'a trouvées la nature face aux défis techniques que l'humanité doit aujourd'hui relever si elle veut vivre durablement sans abîmer la planète ni menacer sa propre existence et celle des autres ...
La philosophie politique de Platon considère que la Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi. Dans le dialogue "La République" Il développe en conséquence l'idée du Philosophe roi. La pensée de Platon n'est pas monolithique.
Freud définit en définitive l'illusion « comme une croyance telle que dans sa motivation, la réalisation du désir prévaut, sans poser la question de son rapport à la réalité ». Paul Ricœur rattache l'illusion religieuse à l'illusion de la conscience de soi.
Kant condamne l'idée aristotélicienne qu'un artiste se contenterait d'imiter la nature. Pour lui, le propre du génie artistique est justement de pouvoir se détacher de la simple imitation et de créer une œuvre originale à partir d'un don naturel.
Socrate, philosophe grec du Vème siècle avant J-C, défendait l'idée que chacun porte en soi le savoir et la connaissance, sans en avoir conscience. Selon lui, il suffirait de pratiquer l'art du questionnement, la maïeutique, pour le découvrir.
L'art doit donc servira conduire au Bien par des mensonges ceux que la vérité cependant ne persuaderait pas d'y aller, mais parce qu'ils sont incapables de la reconnaître. Car ce que ne peut le philosophe par la raison, l'art le peut par illusion : tourner vers le Bien les âmes incapables de vérité.
La mimesis chez Aristote s'accompagne de plaisir, parce que la représentation permet de reconnaître, à l'aide d'un jugement, l'universel à travers le particulier. Lorsqu'il s'agit d'art, ce plaisir peut être considéré comme le premier indice de l'existence d'un plaisir esthétique.
L'art est, en son essence, une origine
Heidegger déclare dès le début de sa conférence « origine signifie ici, ce à partir de quoi et ce par où la chose est ce qu'elle est, et comment elle l'est [...] L'origine d'une chose c'est la provenance de son essence ».
« Ce qui est rationnel est réel, et ce qui est réel est rationnel » (Principes de la philosophie du droit, 1820, trad. R. Derathé). La formule condense l'audace philosophique de Hegel dont l'ambition aura été de surmonter la déchirure entre l'esprit et le monde et de réconcilier définitivement la raison et le réel.
Ainsi Kant peut-il dire que le beau est ce qui plaît (il procure du plaisir et se reconnaît à cela) sans concept (il ne suppose aucune connaissance de l'objet, de son essence, et n'apprend rien sur lui non plus) et d'une satisfaction désintéressée (il n'a aucun rapport avec les intérêts sensuels du corps ou moraux de ...
Pour Aristote, imiter en art, c'est chercher à reproduire « avec la plus grande exactitude ce qui s'offre à notre perception dans la nature ». L'artiste doit donc chercher à reproduire ce qu'il voit naturellement. Pour Aristote, la caractéristique de l'art n'est pas l'invention ni la création mais la reproduction.
L'esthétique (ou philosophie de l'art) est une discipline de la philosophie ayant pour objet les perceptions, les sens, le beau (dans la nature ou l'art), ou exclusivement ce qui se rapporte au concept de l'art.
La relation entre art et philosophie est donc potentiellement riche : elle pourrait se fonder sur une capacité propre à l'artiste d'annoncer par ses moyens d'expression (peinture, poèmes…) ce que le philosophe exprimera avec des moyens conceptuels (des idées rationnelles et nouvelles, organisées en système le plus ...
L'art est donc bien pour Bergson une expression paradoxale : une expression contre l'expression, une expression qui détourne les moyens utilitaires de l'expression contre eux-mêmes, au point de revenir à l'effet sensible d'une impression pure, qui se traduit par ses effets, c'est-à-dire par des changements sur la ...
Le bonheur et l'absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables. L'erreur serait de dire que le bonheur naît forcément de la découverte de l'absurde. naisse du bonheur.
Un écrivain engagé
Albert Camus n'a pas peur d'être en marge de certains courants philosophiques, ni même de rompre le lien avec Jean-Paul Sartre. Il s'oppose farouchement à l'existentialisme, au marxisme et au totalitarisme soviétique qui ne collent pas à sa vision des choses - Il lutte contre les idéologies.