Il aura fallu attendre cinq ans à Molière avant de pouvoir jouer Tartuffe dans son théâtre du Palais-Royal. Cinq longues années à plaider sa cause auprès du roi, à remanier son texte et à combattre les faux dévots.
L'interdiction de la pièce était sans doute dictée par des considérations de politique religieuse, en particulier par la nécessité de ne pas affaiblir l'Église catholique dans un temps où la dissidence janséniste faisait peser sur elle la menace d'un schisme.
Le succès est tel que "Tartuffe" va attirer les foudres de l'Église. L'archevêque de Paris accuse la comédie de salir l'image des croyants et celle de la dévotion. Molière, mettant en scène les méfaits d'une dévotion hypocrite, est alors censuré et doit retravailler son œuvre.
Première représentation du « Tartuffe » de Molière à Versailles avant sa censure. Pliant devant le parti dévot, Louis XIV fait interdire la pièce, qui ne sera jouée en public que radicalement remaniée, cinq ans plus tard.
C'est dans ce contexte que Molière écrit une petite bombe contre ces fameux dévots : Le Tartuffe ou l'Hypocrite, immédiatement dénoncée par l'archevêque de Paris. Une bataille s'engage, elle va durer cinq ans pour que la pièce puisse revenir à l'affiche.
En ce 5 août 1667, c'est la plus inattendue des surprises. Molière donne son "Tartuffe" devant une salle comble au Palais-Royal. Oui, dans son théâtre du Palais-Royal et pourtant la pièce est encore interdite. S'il la fait jouer à ce moment, ce n'est pas seulement pour profiter de l'absence du roi.
Le roi, dans la pièce et dans la vraie vie, censure la fin de la pièce et la refait comme quelque chose qu'il trouve plus acceptable (Spingler 242). Une autre œuvre de Molière, Dom Juan, est toujours affectée par la censure du 17ème siècle à ce jour.
Il aura fallu attendre cinq ans à Molière avant de pouvoir jouer Tartuffe dans son théâtre du Palais-Royal. Cinq longues années à plaider sa cause auprès du roi, à remanier son texte et à combattre les faux dévots.
Littéraire. Faux dévot. 2. Personne fourbe, hypocrite.
Tartuffe (ou Tartufe), est l'emploi comme nom commun (1669) de Tartuffe, nom du personnage éponyme de la célèbre comédie de Molière (1664). L'auteur emprunte ce nom à la Comédie italienne, où un personnage a le surnom de Tartuffo, proprement « truffe » (XVIe siècle).
Enfin, le théâtre sera condamné parce qu'il se présente comme une école d'obscénité et de cruauté, d'idolâtrie et d'impiété conduisant insidieusement des esprits faibles hors des voies de la vertu et du salut. On rappellera que, depuis le fameux décret d'infamie pris par l'autorité prétorienne en 449 av. J. -C.
Il le protège en spécifiant qu'il « ne doute point des bonnes intentions de l'auteur », mais interdit la pièce parce qu'elle risque d'être interprétée comme une attaque contre la vraie dévotion. Molière n'aura de cesse qu'il n'ait fait lever cette interdiction.
Dans sa préface, Molière écrit que la pièce a un but moral : "Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts". Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d'être de faux dévots et des hypocrites.
Et là, coup de théâtre : c'est Tartuffe qui se fait arrêter, car le roi avait compris la manœuvre. On apprend que Tartuffe avait déjà été connu pour d'anciennes escroqueries. Pour remercier Orgon, le roi lui rend tout ses biens, et pardonne à Argas d'avoir soutenu la Fronde. Mariane et Valère se marient donc.
Le sujet du premier Tartuffe avait un dénouement qui ne pouvait pas être celui du Tartuffe de 1669. Au départ, un gros homme dévot profite de l'ascendant qu'il exerce sur un homme pour s'opposer au mariage de son fils et pour séduire sa femme. Mais grâce à l'habileté de cette femme, il est démasqué.
Le triomphe de la justice
C'est donc la justice qui triomphe finalement à la fin de la pièce. Cléante, honnête homme, parvient à déstabiliser Tartuffe. Ensuite, l'Exempt achève de faire chuter Tartuffe. Le rapport de force se transforme.
Faux dévot,
personne qui affecte hypocritement une dévotion outrée.
Orgon est un bourgeois fortuné et charitable qui recueille Tartuffe, un soi-disant homme d'Église qu'il admire. Mais ce séducteur invétéré (Tartuffe a pour habitude de séduire, c'est une manière d'être) n'est qu'un imposteur qui n'en veut qu'à la fortune de son hôte, lequel se laisse piteusement tromper et abuser.
La querelle consiste d'abord en cette accusation réciproque d'hypocrisie, chacun voyant Tartuffe en l'autre. 6Mais si chacun peut accuser l'autre de cacher son jeu, c'est que tous semblent d'accord pour admettre que les comportements dont ils s'accusent mutuellement sont vicieux et condamnables.
Tragédie : pièce à fin malheureuse mettant en scène des personnages nobles ; en suscitant chez le spectateur terreur et pitié envers les héros malheureux, elle le dissuade de les imiter – c'est la catharsis (« purgation » des passions).
Après avoir pris la direction de la troupe en 1659, Molière écrit sa première pièce à succès, Les Précieuses ridicules. L'engouement est tel qu'il se voit obligé de publier son œuvre pour éviter qu'un autre auteur ne lui vole l'idée.
Le Malade imaginaire est la dernière pièce de Molière, créée le 10février 1673 au théâtre du Palais-Royal : Molière, qui joue le rôle d'Argan, meurt juste après la quatrième représentation, le 17 février.
À la Comédie-Française, Le Tartuffe a été représenté plus de 3 000 fois. C'est la pièce la plus jouée du répertoire, devant Le Malade imaginaire , L'Avare et Le Misanthrope.
S'il a incarné Orgon à la scène – déjà fatigué en 2017 à 91 ans, avec Michel Fau – Michel Bouquet n'a jamais repris le personnage de Tartuffe dont il révèle ici l'effrayante sournoiserie.