Camus a montré que la mort ne peut pas être une solution à l'absurdité du monde, ni à celle d'une existence. Elle ne le peut pas car elle n'est pas la réponse au non-sens. Donc, si la vie est absurde et que la mort n'en est pas la solution, la solution est de vivre pleinement l'absurdité de la vie.
L'homme peut dépasser l'absurdité de son destin par sa lucidité, et « la révolte tenace » contre sa condition ; il y a une grandeur à vivre et à faire vivre l'absurde.
La solution de Camus consiste à vivre l'absurde, ce qui signifie une absence totale d'espoir (qui n'est pas la même chose que le désespoir), une réflexion permanente (ce qui n'est pas la même chose que le renoncement), et une insatisfaction consciente (ce qui n'est pas la même chose que l'anxiété juvénile).
Camus, Le Mythe de Sisyphe. L'homme absurde habite un monde dans lequel il doit accepter que « tout l'être s'emploie à ne rien achever », mais c'est un monde dont il est le maître. Et Camus, qui fait de Sisyphe le héros absurde, écrit qu'« il faut imaginer Sisyphe heureux ».
Qu'est-ce que l'absurde selon Camus ? Lorsque Camus parle de l'absurde, il fait référence à l'absurdité de la condition humaine. Selon Camus, l'homme cherche toujours un sens au monde, un sens à son existence sur terre, un sens à ses actions. Or le monde dans lequel nous vivons n'a pas de sens.
Inutile de chercher à donner un sens à la vie. Il n'y en a pas. Nous devons vivre avec l'absurde. Ce qui n'obère pour autant pas la possibilité du bonheur.
La philosophie de l'absurde procède du sentiment d'une existence injustifiée. La conscience alors du défaut d'être se substitue à celle de la plénitude, toute finalité s'absente et le langage, privé de ses fins communicatives et signifiantes, se consume en lui-même et se défait.
Le but du théâtre de l'absurde n'est ni de transmettre des informations, ni de présenter les problèmes ou destins de personnages : il ne repose pas sur l'imitation de la réalité (la mimésis d'Aristote). Son but est de présenter la situation fondamentale, particulière, d'un individu englué dans l'absurdité du monde.
Les principes majeurs de l'absurde
Pour les auteurs de l'absurde, l'existence est dépourvue de sens et l'homme est condamné à répéter incessamment les mêmes gestes, à accomplir les mêmes actions.
Le raisonnement par l'absurde consiste à supposer que A est vraie et que B est fausse. On aboutit alors à une contradiction, ce qui entraîne que B doit être nécessairement vraie.
Tout d'abord, aux yeux de Camus, tel qu'exposé dès les premiers mots de son essai Le Mythe de Sisyphe, «[il] n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux: c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie».
Dans le roman de Camus, Meursault abat sans états d'âme un Arabe dont on ne connaîtra jamais l'identité. Non seulement l'Arabe sera-t-il mort dans l'anonymat le plus total, mais le roman de Camus donne l'impression que Meursault sera davantage condamné pour ce qu'il est plutôt que pour ce qu'il a fait.
De ce personnage, Camus donne la clé dans un essai paru presque simultanément, Le Mythe de Sisyphe, qui est le manifeste de sa « philosophie de l'absurde » (1). Il y affirme que l'absurde est partout.
L'absurde prend sa source dans la Seconde Guerre mondiale, qui laisse les hommes désemparés quant au sens de leur existence. Il se caractérise par le sentiment d'être étranger au monde et par le constat de l'absurdité de la condition humaine.
Camus entend ainsi montrer que la révolte est le seul moyen de vivre sa vie dans un monde absurde. Cette révolte est plus importante dans le fait de se révolter que dans les causes défendues en elles-mêmes.
Sisyphe ou le « cycle de l'absurde »
déraisonnable, incohérent, illogique.
Eugène Ionesco (1909-1994), Académicien, membre du Collège de Pataphysique, révolutionne l'art dramatique. Chef de file du théâtre de l'absurde, son oeuvre qui voit s'effondrer le langage, exprime un sentiment de vide métaphysique.
Ce concept a été défini par Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942), repris dans L'Etranger (1942), puis au théâtre dans Caligula et Le Malentendu (1944).
aberrant, abracadabrant, contradictoire, à dormir debout, faux, fou, illogique, inadmissible, incohérent, inconséquent, incroyable, inepte, injustifié, irrationnel, irréaliste, irréfléchi, paradoxal, sans queue ni tête, ubuesque.
L'origine critique du terme
Pour Esslin, les principaux dramaturges du mouvement sont Eugène Ionesco, Samuel Beckett, Jean Genet et Arthur Adamov, bien que chacun de ces auteurs ait les préoccupations et des styles très personnels qui dépassent le terme absurde.
C'est là le point de départ de la réflexion de Camus sur la condition humaine. L'absurde naît du divorce entre le désir humain de sens dans un univers qui en est dépourvu. Le "silence déraisonnable du monde", selon son expression, répond à l'appel de l'homme qui cherche à comprendre le sens de sa présence sur terre.
l'absurde (L'Etranger, Le Mythe de Sisyphe, Le Malentendu, Caligula), la révolte, la solidarité et le meurtre (L'Homme révolté, La Peste, Les Justes). Suppose la lecture préalable de L'Etranger par les élèves.
Désirer l'impossible n'est donc absurde que si l'on considère que seules les activités susceptibles de réaliser leur objectif, d'atteindre leur but ont un sens. Or l'idéal, même inaccessible est aussi ce qui donne un sens (orientation, valeur) à une existence humaine.