Heinrich Beta : "Le travail rend libre"
Au même moment, en 1873, le romancier allemand Lorenz Diefenbach, auteur nationaliste et patriotique, connaisseur intime de l'œuvre de Marx, publie un livre intitulé « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Heinrich Beta (de) a utilisé la formule en 1845 dans un écrit intitulé Argent et Esprit (Geld und Geist) : « Ce n'est pas la foi qui rend heureux, pas la foi en des curetons égoïstes et nobles, mais c'est le travail qui rend heureux, car le travail rend libre.
"Le travail rend libre" : provocation nazie inscrite à l'entrée des camps de concentration, notamment celui d'Auschwitz. Le travail rend libre, à condition que le travailleur ait l'intelligence de son travail et que les conditions de réalisation de son travail soient bonnes.
Il est important de savoir que le travail rend libre comme il peut également aliéner l'homme. Tout dépend donc de nous. Le travail a permis à l'homme de se libérer de la nature, de se sociabiliser et d'emmagasiner des connaissances, donc de devenir quelqu'un de meilleur.
Selon Karl Marx, il y aurait une objectivation spécifique qui donnerait l'aliénation. La réalisation du travail est séparée de son sujet producteur (les travailleurs). Ces produits du travail sont même devenus étrangers à leurs propres producteurs : c'est l'aliénation dans le travail.
Emmanuel Kant considère que le travail est un devoir envers soi-même, un devoir qui forme l'homme moralement parlant. Pour Emmanuel Kant, le travail satisfait la conscience morale et la fierté humaine. Ainsi, l'animal satisfait ses besoins par l'instinct, l'homme satisfait les siens par le travail.
Les grands auteurs, Zola, Balzac, Hugo, nous ont beaucoup parlé du travail. Prenons l'Assommoir : Zola y décrit à la fois le peuple, les habitudes des ouvriers, les postes de travail. Il va même beaucoup plus loin, en s'emparant aussi des événements post-traumatiques.
L'aliénation du travail est alors indiscutable : l'ouvrier lorsqu'il travaille est dépossédé de lui-même et il est dépossédé de son humanité même. « Il [l'ouvrier] est lui quand il ne travaille pas, et quand il travaille, il n'est pas lui. Son travail n'est pas volontaire, mais contraint.
D'après Kant, l'Homme se dicterait librement le travail car il en aurai besoin pour se libérer de la nature qui est en lui. En effet, le travail est une activité qui induit de suivre des règles, et ces règles permettent à l'être humain de se libérer de la nature qui réside en lui, c'est-à-dire de se civiliser.
Le travail nie le donné naturel : il est ce par quoi l'homme se sépare de la nature et se crée lui-même. En ce sens, c'est par le travail que l'homme se libère et accède à son identité.
Par une conversion dialectique exemplaire, le travail servile lui rend alors sa liberté car il sait comment s'y prendre pour dominer la nature tandis que le maître, qui ne sait plus travailler, a de plus en plus besoin de son esclave et devient en quelque sorte esclave de l'esclave.
Selon les actifs français (72%), le travail permet effectivement de se sentir heureux de manière générale. Ils sont aussi 44% à se rendre chaque jour « avec plaisir au travail ».
1. Activité de l'homme appliquée à la production, à la création, à l'entretien de quelque chose : Travail manuel, intellectuel. 2. Activité professionnelle régulière et rémunérée : Vivre de son travail.
La réponse tient en quelques mots. On travaille pour gagner sa vie, pour exister socialement (être connu et reconnu), voir des gens et enfin pour faire des choses qui nous intéressent : soigner, enseigner, construire ou réparer, faire la cuisine, écrire, etc.
La philosophie définit aujourd'hui le travail comme un action consciente et volontaire par laquelle l'homme s'extériorise dans le monde à des fins destinées à le modifier, de manière à produire des valeurs ou des biens socialement ou individuellement utiles et à satisfaire des besoins.
Platon indique qu'un même individu dans la société ne peut pas produire tous les biens susceptibles de satisfaire tous ses besoins. Il faut donc repartir le travail global afin que chacun puisse remplir une tache bien déterminée. À chaque travail doit donc correspondre la satisfaction du besoin.
Aristote n'assimile pas le travail à la poësis, ni à la praxis, il le considère comme faisant partie des deux catégories, car le travail a une action modificatrice à la fois sur le réel et sur la nature humaine. Aristote préfère à l'idée du travail et à la nécessité l'idée de loisir et de liberté.
Le travail n'est pas seulement une punition mais une possibilité de rachat du péché originel. Le travail constitue une réhabilitation sociale et morale et religieuse.
Il éloigne l'ennui, le vice et le besoin. Il humanise par le lien social qu'il crée et maintient nos capacités intellectuelles en éveil. Il redresse le perverti, moralise le dévoyé, rend l'homme vertueux. Ceux qui choisissent délibérément de ne pas travailler subissent l'opprobre de leurs contemporains.
Quand le travail est un plaisir, la vie est belle. Mais quand il nous est imposé, la vie est un esclavage.
Un travail bien fait est d'abord un travail qui est fait, c'est-à-dire achevé ou accompli. La qualité de son exécution ne peut être jugée qu'au terme d'un processus plus ou moins laborieux, parfois long et délicat, qui nécessite souvent des temps d'attente pour que la matière transformée puisse se stabiliser.
Ce que Hegel valorise surtout dans le travail initialement compris comme service, c'est l'obéissance à une volonté autre, la discipline, comme expérience qui permet précisément à l'esclave (et à lui seul) de dissocier du désir singulier la volonté universelle.