Son aveu est pudique et sa passion pour le duc de Nemours n'est évoquée qu'au moyen d'un euphémisme « Je vous demande mille pardons et si j'ai des sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions ».
La princesse utilise ces concepts : elle vit Éros pour un autre que son époux, « sentiments qui vous déplaisent » (mais désir non accompli, elle est restée vertueuse). À son mari, elle accorde Philia, « amitié » et « estime ». Elle espère de lui Agapé, « pitié », « aimez-moi ».
Elle devient ainsi Princesse de Clèves. Malheureusement, elle s'aperçoit très rapidement qu'elle n'éprouve que de l'amitié pour son mari. À l'inverse, elle connaît un vrai coup de foudre lorsqu'elle rencontre le duc de Nemours. Des sentiments d'autant plus dangereux qu'ils sont réciproques.
L'extrait choisi suit immédiatement une scène d'aveu particulièrement originale, que certains contemporains ont jugé invraisemblable : une femme avoue à son mari qu'elle en aime un autre pour qu'il lui permette de rester éloignée de cet homme, et donc de protéger leur mariage.
Le Prince de Clèves fait part de ses sentiments à Mlle de Chartres, puis fait officiellement sa demande en mariage. Il est heureux mais en même temps inquiet : il sent que Mlle de Chartres ne l'aime pas autant qu'il le souhaiterait. Il lui fait part de cette inquiétude dans un dialogue important.
La féérie de la rencontre entre les deux héros paraît presque ironique en effet, tant elle annonce, avec un pessimisme moral fondamental, l'impossibilité d'un amour heureux. Jamais Mme de Clèves ne désire s'unir à M. de Nemours, puisqu'elle désire Nemours en tant qu'il la désire inaccessible.
La princesse de Clèves intercepte une lettre d'amour destinée à une autre et croit que M. de Nemours en est l'auteur, ce qui cause en elle un sentiment de jalousie jusqu'alors inconnu. Elle découvre par la suite qu'il s'agissait d'un malentendu, mais garde de cet épisode un souvenir douloureux.
Adoptant une dimension didactique (enseigner aux jeunes femmes les dangers de se laisser conduire par leurs passions ) , Madame de Lafayette consolide la vision de l'amour passion destructeur ; les âmes sont agitées, la souffrance est généralisée.
Le fait de savoir s'il est vraisemblable ou non que la princesse admette à son mari qu'elle aime un autre homme devient une véritable controverse littéraire. Certains jugent ce comportement hautement vertueux et moral, d'autres condamnent une scène invraisemblable et amorale.
Les premières réactions du public sont unanimes ” on admira sa beauté et sa parure ” Ici, l'auteure a relié par la conjonction et deux éléments visuels : l'allure de la jeune femme et sa tenue, ses bijoux, ce qu'elle a choisi de porter: ce qui peut également souligner qu'elle a bon goût.
La passion est également condamnable dans la mesure où elle est cause de souffrances infinies. Ainsi, à l'exception de quelques brefs moments de répit, passés en compagnie du duc, la princesse apparaît sans cesse en proie aux tourments dans le roman de Mme de Lafayette.
Transition : Cette scène de rencontre théâtralisée, où se jouent à la fois des rapports personnels (Mme de Clèves/Nemours) et publics (bal en présence de la Cour du Roi), est marquée par les jeux de regard, qui trahissent les sentiments des personnages.
Faute d'avoir réussi lui-même à épouser Mlle de Chartres, M. de Clèves pouvait du moins se flatter maintenant que personne d'autre ne l'épouserait, puisque « personne n'osait plus penser à Mlle de Chartres, par la crainte de déplaire au roi ou par la pensée de ne pas réussir auprès d'une personne qui avait espéré un ...
Lors d'un tournoi, Nemours est blessé. Le regard que lui adresse alors Mme de Clèves est la preuve d'une ardente passion. Puis une lettre de femme égarée et dont elle entre en possession laisse supposer que Nemours a une liaison.
La passion est une émotion fulgurante qui se traduit souvent par une attraction fusionnelle avec l'autre. Au contraire, l'amour est une attirance affective sans violence mais avec du respect et de l'attention. Vivre une relation amoureuse ou passionnelle peut donc avoir des conséquences très différentes.
Une relation passionnelle se caractérise par : Un désir physique de l'autre intense et continu. “On a tout le temps envie de faire l'amour avec l'autre pour le/la sentir, l'avoir au plus près de soi, presque le/la posséder”, explique Sophie Touttée Henrotte. Un sentiment de mal-être quand l'autre n'est pas là.
Réputation et vertu sont les maîtres-mots de cette morale : il faut avant tout garder la maîtrise de soi-même et maintenir des apparences vertueuses. Cette morale est notamment incarnée par la mère de l'héroïne, Mme de Chartres. Celle-ci a consacré sa vie à l'éducation de sa fille, en particulier à sa formation morale.
Mademoiselle de Chartres est une jeune fille de 16 ans qui arrive à la cour du roi Henri II. Le prince de Clèves tombe amoureux d'elle, mais ce sentiment n'est pas partagé. Ils se marient. Elle tombe amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour est illégitime puisqu'elle est mariée.
Cet épisode, par toutes les intrigues qui y aboutissent, s'y transforment et rebondissent, joue un rôle de carrefour ; mais aussi, par la façon particulière dont s'y organisent les échanges, il sert de révélateur et d'emblème à l'ensemble du livre.
Comment nomme-t-on la princesse de Clèves avant que celle-ci épouse M. de Clèves ? Avant de devenir Madame de Clèves, l'héroïne s'appelle Mademoiselle de Chartres.
Cette vertu sauvegardée, elle en témoigne dans les raisons qui viennent justifier son aveu : elle souligne d'abord « l'innocence de sa conduite et de ses sentiments », ce qui lui ôte toute culpabilité et rend l'aveu possible. elle veut rester une épouse digne : « me conserver digne d'être à vous »
1- Ce roman est-il moral ? 2- Comment le goût des lecteurs et des spectateurs pour des fictions dont les personnages, inlassablement souffrent d'aimer peut-il s'expliquer ? 5- La société détermine-t-elle la destinée des personnages romanesques ? 6- Mme de Clèves est-elle une héroïne tragique ?
Elle a le pouvoir du fait de son rang social et de sa beauté. Et plus l'histoire avance, plus elle est amenée à prendre seule des décisions du fait de la mort de sa mère et de la difficulté que son mari a à la guider, comme elle le lui demande, parce qu'il est jaloux.
De même, Mme de Chartres conseille à sa fille d'avoir « une extrême défiance de soi-même », c'est-à-dire de se méfier des sentiments inconvenants qu'elle pourrait avoir pour un autre que son mari. Cela suggère qu'elle luttera, telle une héroïne tragique, tout au long du roman contre ses propres sentiments.
Si un garçon joue avec vos sentiments, cela signifie que vous êtes attirée par lui, mais que cela n'est pas forcément réciproque. Dans cette situation, il ne souhaitera pas la même chose que vous de votre relation et ne se montrera pas honnête à propos de ses intentions, jouant de vos sentiments.