Par les exploits guerriers de Frère Jean des Entommeures (répondant au thème du gigantisme par l'extraordinaire force de ses coups et la démesure de sa puissance digne des héros de l'Iliade), Rabelais dénonce le non respect des hommes et du sang versé, même lorsqu'ils renoncent, expient, se retirent.
L'écriture de Rabelais est incontestablement œuvre de littérature, au service d'une pensée libre : on y retrouve l'art du narrateur populaire, la conviction du philosophe humaniste. C'est une écriture en liberté qui échappe par le rire et au fil des siècles, à la censure.
Rabelais est un humaniste car sa passion de l'Antiquité le fait étudier les langues anciennes et traduire les ouvrages antiques en la langue parlée par ses contemporains. Il rompt avec le Moyen Âge en critiquant la société de son temps.
Le programme propre de Rabelais vise l'homme tout entier, non plus le solitaire enfermé dans sa bibliothèque, mais la personne destinée à l'action, à la communauté civile, au devoir national. Ce n'est point une éducation de collège ; son jeune prince est confié à l'excellent précepteur Ponocrates.
Le moine défroqué est un apôtre de la liberté de conscience
Grâce à lui, il peut répandre son rire provocateur. Car « le rire est le propre de l'homme », pense- t-il. Le moine défroqué est un apôtre de la liberté de conscience, chantre du libre examen et de l'indépendance d'esprit.
Les œuvres de Rabelais se démarquent par leur tonalité burlesque et satirique. L'auteur y mêle ainsi étroitement des sujets sérieux et des anecdotes plus comiques et fantaisistes. Rabelais fait le lien entre deux époques : il s'inspire des farces médiévales, parfois grossières, et des romans de chevalerie.
L'auteur veut bien faire passer un message humaniste ; mais derrière toute utopie, il y a une critique de la société tel qu'elle est et surtout la satire du clergé tel qu'ils vivent à son époque, et surtout le clergé régulier.
C'étaient d'abord à peu près toutes les Universités. D'autres villes, comme Lyon, placée sur la route d'Italie, ou Tours, dans le voisinage des résidences royales de la Loire, groupaient des musiciens, des ouvriers d'art, des artisans mêlés à la vie intellectuelle, imprimeurs, typographes, etc.
Dans Gargantua, ils sont critiqués pour leurs discours creux comme l'a fait Bragmardo pour récupérer les cloches de Notre-Dame dans le chapitre 19. En effet, ces sophistes s'opposaient aux idées humanistes et à toutes les nouvelles réformes de la religion.
Quelle est la morale de Gargantua ? On l'a dit, Rabelais utilise le rire pour faire passer des messages à ceux qui lisent le roman. Celui que l'on peut retenir avant tout est bien de chercher à comprendre le monde qui nous entoure, respecter certains principes afin que celui-ci ne verse pas dans le chaos.
allus. au géant Gargantua, personnage de Rabelais] Gros mangeur. Synon. goinfre, ogre.Je vous avertis que je mange comme un gargantua (Guèvremont, Survenant,1945, p.
1. Un rire démesuré D'abord, impossible de ne pas le remarquer : dans Gargantua, le rire est partout, démesuré, sans limites. Et c'est peut-être ce qui lui confère une première qualité éducative : il nous donne l'exemple de la générosité du savoir, qui se multiplie quand on le donne, sans limites.
Ainsi, dans Gargantua, Rabelais fait la satire de l'esprit de sérieux : savoir et sérieux ne sont, pour lui, pas compatibles. Il faut se moquer (et se méfier) du faux savoir et des faux savants. Il faut surtout porter un regard amusé sur le savoir car cela permet d'acquérir un réel esprit critique.
Figure débonnaire, svelte, grand, sportif, frère Jean s'inscrit en faux par rapport à la figure des moines. C'est une manière de satire de la vie monacale du temps, de ses excès.
Rire rabelaisien. Rire épanoui, moqueur.
Personnage effrayant, destructeur : il dévore les enfants ; du côté de la négativité, c'est une figure mortifère. Hé bien Gargantua est exactement l'inverse : son gigantisme est un prodige… Tout est générosité chez lui — sa gorge est déployée pour boire, comme Dionysos, dieu des excès et du vin….
On rejoint ici l'éducation humaniste proposée par Rabelais, où le savoir n'est pas que dans les livres, mais aussi dans l'accès à l'extérieur, l'activité physique et le partage avec l'autre.
L'humaniste affirme sa foi en l'être humain qu'il place au centre de tout. L'homme grandit et évolue alors au contact de la culture antique, de la science mais aussi dans un rapport nouveau à la nature et à la religion.
Rabelais a le soin de nous faire connaître, heure par heure, l'emploi des journées de Gargantua, Avant le repas du matin, il consacre d'abord trois heures à la lecture.
Les livres de Gargantua et de Pantagruel inquiétèrent les censeurs, mais Rabelais avait de puissants protecteurs, dont Jean du Bellay, évêque de Paris, le seigneur de Langey, Marguerite de Navarre, ses deux rois et, enfin, le cardinal Odet de Châtillon, futur anglican, qui encouragea Rabelais à écrire son Quart Livre, ...
Rabelais a eu le mérite de souligner l'importance de la science ; Montaigne a mis l'accent sur la formation du jugement. Ils s'adressent à un lectorat différent : l'un veut divertir par une parodie d'épopée un lectorat très large ; l'autre écrit en philosophe.
Lorsqu'il arrive à Paris, Gargantua est éduqué selon la pensée humaniste. Les humanistes étaient des hommes de la Renaissance. Le mouvement a commencé en Italie. L'instruction intellectuelle est toujours très importante, mais elle se base aussi sur l'observation et la réflexion personnelle de l'élève.
L'éducation humaniste ne renonce pas pour autant à la dimension religieuse. Elle christianise au contraire l'idéal antique de la pietas et des vertus, et fait des auteurs classiques (latins, grecs et hébreux) un moyen de mieux comprendre les textes sacrés.